Bonus :
- 2 courts métrages inédits produits par la Mejrabpom-Rus dans les collections de la Cinémathèque de Toulouse (La Patinoire et Vavila le Terrible)
- un documentaire (25’) présentant les témoignages d’historiens et d’acteurs de la restauration du film, tourné à Bologne début juillet 2007.
Le DVD est co-édité par la Cinémathèque de Toulouse.
Synopsis
Parce qu'il est amoureux d'elle, Mitiouchine, non fumeur, achète régulièrement des cigarettes à la jolie Zina, marchande colporteuse du Mosselprom. Un jour, le cinéaste Latouguine, attiré par la jeune fille, lui propose de faire un bout d'essai. Elle fait alors connaissance avec Mac Bright, représentant de firmes américaines, qui s’éprend également d’elle. Tout en tournant un documentaire sur la nouvelle Moscou, Latouguine flirte avec Zina et tous deux sont licenciés. Zina accepte alors de travailler comme mannequin pour Mac Bright. Pendant ce temps, l’amour fait négliger son travail à Mitiouchine et il est congédié. Zina l'aide à retrouver du travail chez Mac Bright comme traducteur. Mais, finalement, elle décide de reprendre son ancienne profession de vendeuse de cigarettes. Elle va retrouver Latouguine par hasard et les jeunes gens ne se sépareront plus. Latouguine va réaliser un film qui s'appelle ... "La Vendeuse de cigarettes du Mosselprom"
"Présentée lors de sa sortie en 1924 comme la première comédie soviétique, la Vendeuse de cigarettes du Mosselprom fut l’un des grands succès de la saison en URSS où elle bénéficia d’une large diffusion. Mais les aventures de la jeune Zina, qui découvre les coulisses du 7e Art en tombant amoureuse du caméraman Latouguine, furent accueillies plus fraîchement par la critique : le film fut en effet jugé trop léger et idéologiquement « inconsistant ».
Cette comédie, tournée à Moscou en décors naturels, est un témoignage remarquable d’une partie très originale de la production soviétique des années 20. Il s’agit en effet de l’un des tout premiers films produits par la Mejrabpom-Rus, ce studio semi-privé, qui réussit à concilier autonomie, engagement politique et innovation artistique et fit tourner les meilleurs artistes de l’époque. La
Vendeuse de cigarettes est emblématique de la place centrale que la Mejrabpom acccordait aux comédiens : Iouri Jeliaboujski, l’un des fondateurs de ce studio, choisit en effet pour cette comédie des acteurs très connus, pour la plupart issus du théâtre, et dont le
principal est Igor Ilinski, qui interprète le rôle du comptable Mitiouchine. La Vendeuse de cigarettes est également un document unique sur le Moscou des années 20 avant les grandes transformations urbaines de la période stalinienne."
Natacha Laurent, historienne du cinéma, déléguée générale de la Cinémathèque de Toulouse
Kinoglaz : Considéré aujourd'hui par la critique internationale comme l'un des grands films de cette brillante époque du cinéma soviétique des années vingt, ce film n'est pas un film de propagande, il ne milite ni pour le socialisme ni contre le capitalisme. C'est peut-être pour cette raison que dans la critique qu'on trouvera ci-dessous, extraite d’un journal de 1924, l'auteur, tout en reconnaissant ses très nombreuses qualités, conclut négativement que le film est une "vétille inutile".
"La comédie est dépourvue de fondement, de vérité sociale. C'est un rien cinématographique, trop délayé, avec un happy end, mais ce n'est pas une œuvre sérieuse par son contenu. Il est vrai que sa réalisation technique est d'un niveau très élevé. Il est vrai qu'il y a des moments et des situations pleins d'esprit, de nombreuses photographies de Moscou très réussies, de la couleur locale. Il est vrai que Jeliaboujski brille par ses inventions, que Ilinski fait rire, bien que par moments il tombe dans une charge un peu grossière. Il est vrai qu'il est intéressant de voir ce qui se passe derrière les coulisses de l'écran, où les réalisateurs ont évidemment trouvé de nombreuses situations comiques. Certains moments sont absolument superbes. Mais tout cela plutôt que de faire rire, agace : combien d'efforts, de réflexion, d'énergie et d'argent ont été perdus pour une vétille inutile."
Kh. Kh./5.3.1924 Opinion publiée par Le cinéma russe et soviétique, Centre Georges Pompidou, 1981