Au bord d’une mer multicolore, dans le village Far-Khor, vivait une jeune fille du nom de Mamlakat. Elle était très jeune et très belle. Elle était si jeune qu’elle ne savait pas vraiment combien elle était belle. Elle vivait avec son père et son frère. Celui-ci, Nasredine, avait été soldat. Il était revenu de la guerre, ni méchant ni cruel, mais un peu... fou. Plus exactement c’est ce que pensaient tous les voisins, mais Mamlakat, elle, savait que son frère comprenait et se souvenait beaucoup mieux que bien d’autres qui se considéraient normaux.
Plus que tout, Mamlakat aimait le théâtre. Elle jouait elle-même et d’ailleurs dans l’ensemble amateur de danses elle interprétait le rôle de la pastèque. Mais ce n’était pas du véritable théâtre et les vrais acteurs étaient, pour Mamlakat, les êtres les plus magnifiques au monde. Une fois après un spectacle on l’a conduite à la rencontre de quelqu’un qui se disait acteur. Malheureusement la recontre eut lieu la nuit, dans l’obscurité, et Mamlakat n’a pas pu vraiment voir son séducteur d’un soir. C’est cette nuit-là que fut conçu Khabiboula le fils de Mamlakat. Et c’est lui qui raconte les aventures tantôt gaies tantôt tristes qui se sont déroulées avec sa jeune maman avant même qu’il ne soit né.