Après son service militaire, Boulat revient dans son Kazakhstan bien aimé. Il aime les vastes étendues de la steppe et ses couchers de soleil. Ancien marin du Pacifique, il rêve de retrouver sa soeur mariée avec un berger et de lui-même devenir berger. Mais pour se voir confier un troupeau, il doit être marié. La seule femme libre à des kilomètres à la ronde s'appelle Tulpan (Tulipe), c'est son seul espoir. Mais Tulpan est une drôle de femme qui rejette Asa au motif qu'il a de grandes oreilles. Profondément amoureux de cette steppe immense balayée par les vents, Asa va tenter de conquérir Tulpan et d'apprendre le métier de berger, aux côtés d'un beau-frère irascible.
Extrait de l'interview de Sergueï DORTSEVOY publiée dans le dossier de presse relatif à Tulpan en janvier 2009
(On pourra lire le complément de l'interview en se reportant à la fiche du réalisateur)
Où s'est déroulé le tournage, et durant combien de temps ? "Tulpan" a été tourné dans le sud du Kazakhstan, dans une région appelée Betpak. Cela représente une grande partie de la steppe, avec un terrain très plat, occupé seulement par des bergers. C'est au milieu de nulle part, avec de temps en temps un village. La ville la plus proche est Chimkent, à 500 km. Le tournage s'est déroulé sur 3 ans, avec des périodes de pause. Au total, on a dû tourner un an.
Quelles difficultés avez-vous rencontrées, en tournant dans la steppe ? Déjà, cela a été difficile pour l'équipe de se retrouver longtemps dans un lieu aussi isolé. La nature est très rude. Pas seulement d'un point de vue météorologique, mais il y a également les animaux. Et toutes sortes d'insectes, des serpents venimeux et des araignées, surtout autour du mois de mai, au printemps, lorsqu'elles se réveillent. Tous les jours, on en trouvait dans nos chaussures. Les habitants du coin nous ont également donné du fil à retordre. Ils pensaient que le tournage apporterait de l'argent. On a eu du mal à leur faire comprendre que ce film était différent. Et ceci n'est qu'un maigre échantillon des complications qu'on a vécues. Je pourrais continuer pendant des heures.
Avec votre équipe, avez-vous vécu en nomades pendant le tournage ? L'équipe ne logeait pas dans une yourte. On a construit notre hôtel à un kilomètre du plateau. Un immeuble tout simple, en briques. On avait de l'eau, et de l'électricité grâce à des générateurs, mais on avait quand même un aperçu de la vie nomade dans la steppe. Pour les acteurs, c'était différent. Un mois avant le début du tournage, ils se sont installés dans une yourte et y ont vécu ensemble, comme une famille de nomades. Samal Eslyamova (Samal) a effectué tout le travail d'une femme de berger et Ondasyn Besikbasov (Ondas) a travaillé comme berger. Il a vécu lui-même beaucoup des choses qui lui arrivent dans le film. Tout cela était nécessaire pour l'authenticité du film. Ondasyn et Samal n'avaient jamais vécu dans une yourte auparavant. Samal vient du sud du Kazakhstan, où l'on vit bien plus à l'européenne. Le tournage a été particulièrement éprouvant pour elle. Je voulais aussi que les acteurs soient très proches des enfants. Comme ce ne sont pas les leurs, on devait veiller à ce qu'ils se comportent comme une vraie famille, sans aucune barrière, pour créer cette atmosphère chaleureuse.
Les acteurs principaux sont-ils des non-professionnels ? Samal Eslyamova (Samal) et Tulepbergen Baisakalov (Boni) sont des acteurs professionnels. Ondasyn Basikbasov (Ondas) a pris des cours de comédie et aujourd'hui, il est chanteur d'opéra. Aucun des seconds rôles - les parents de Tulpan, le vétérinaire - n'était professionnel. Ils viennent du village d'à côté.
Comment vous est venue l'idée du scénario ? J'ai vécu vingt-sept ans au Kazakhstan. Quand j'étais ingénieur radio pour Aeroflot, je venais souvent dans ces villages à bord d'un petit avion. C'était très intéressant de voir comment ces gens-là vivaient. Quand j'ai réalisé Le Paradis, mon premier documentaire, qui parle d'eux, j'ai vécu parmi eux tout le temps du tournage. Je les aime beaucoup, ainsi que leur mode de vie. Mais ce n'est que plus tard, alors que je vivais à Moscou pour étudier le cinéma, que j'ai décidé de mettre à profit cette expérience et de faire ce film.
Combien de bergers vivent encore avec leur famille cette vie de nomade, dans la steppe ? Sont-ils en voie d'extinction, avec de plus en plus de jeunes comme Asa qui s'installent en ville ? Il reste encore de nombreuses familles nomades au Kazakhstan. Mais ce n'est pas la même chose qu'à l'époque de l'Union Soviétique. C'est très proche de la vie que mènent Samal et Ondas dans le film, que beaucoup considèrent comme une vie moderne. Mais il y a d'autres genres de nomades. Très peu ont leur propre bétail. La plupart sont engagés par de gros propriétaires afin de s'occuper de leurs moutons et sont payés en argent ou en bétail. Mais ils vivent tous encore dans des yourtes dans la steppe et parcourent des centaines de kilomètres par an.