A noter : Le film n'a pas été conservé mais l'historien du cinéma Nikolaï Izvolov en a fait en 2001 une "reconstitution"
Synopsis
Le banquier peu scrupuleux Ornano vend sa maison, en Italie, pour réaliser avec les trois millions obtenus une affaire juteuse au détriment de la population affamée par les mauvaises récoltes. Sa femme envoie à son amant un billet lui expliquant où est caché l'argent. Le billet est intercepté par Cascaril, gentleman-cambrioleur qui, la nuit venue, se précipite au domicile du banquier où il tombe par hasard sur son ami voleur Tapioca venu dérober divers objets. C'est alors que survient le banquier (le troisième voleur de la nouvelle de Notari). Tapioca se sauve et Casaril se précipite dans la chambre de Noris, la femme du banquier. Il obtient de celle-ci qu'elle retienne son mari pendant qu'il vide le coffre en la menaçant de dévoiler le contenu du billet. La police arrête Tapioca croyant que c'est lui qui a dérobé l'argent, et vu l'importance du vol, on surveille et ménage l'auteur de cet "exploit" qui devient l'objet de toutes les conversations. Noris, qui le prend pour Casaril, va même jusqu'à lui déclarer sa passion. Arrive le jour du procès et tout à coup surgit Casaril qui avoue être le véritable voleur. Pour démontrer l'hypocrisie des petits-bourgeois présents à l'audience, il jette dans la salle des liasses de billets. Tout le monde se précipite sur ces faux billets pendant que nos deux voleurs, profitant de la cohue, s'éclipsent. Ils partagent le butin et se séparent. On revoit ensuite Tapioca, le petit voleur devenu riche, bien habillé et défenseur du droit sacré de la propriété privée.
"Le Procès des trois millions est un nouveau pas en avant dans la ligne de notre cinématographie qu'il faut appeler "occidentale". La rivalité de nos meilleurs réalisateurs avec le cinéma occidental, l'application de ses formes, de ses procédés, de son style même, ne doivent pas être notre but principal. Mais dans un cadre organique, elle nous stimule, elle nous enseigne, si elle est due à des mains expérimentées. La nouvelle oeuvre de Protazanov permet à cet artiste de talent de s'aligner sur les réalisateurs des studios sinon d'Amérique, du moins de la France. Le paysage est choisi avec un goût particulier, les coins européens de nos villes, les châteaux des anciens russes riches, ont été utilisés pour créer un fond sur lequel se déroule avec légèreté et rapidité une comédie qui met à nu les contradictions du régime capitaliste (...)"
Mikhaïl Kolkov, 1926 (Cité par Le Cinéma russe et soviétique, Jean-Loup Passek, Centre Pompidou, page 130)