Deux jeunes musiciens se rencontrent. Au début, ils sont heureux, ensuite ils se disputent, et la dispute se transforme en guerre. Film - pantomime.
Commentaires et bibliographie
Dès sa première image, un paysage d’une blancheur virginale, le film se démarque des autres par une recherche esthétique palpable. La composition semble suggérer une plaine enneigée, mais ce pourrait tout aussi bien être un studio peint en blanc. Dans ce court métrage, le réalisateur géorgien s’amuse donc avec le concept du trompe-l’œil, tout en y étalant un minimalisme qui frôle par moment l’abstraction. Les cadrages frontaux (souvent symétriques), la fixité de la caméra et le montage qui sépare presque l’espace que cohabitent deux hommes tantôt amis, tantôt ennemis, voilà des éléments de styles qui régimentent un univers fortement construit. Pourtant, il y règne un chaos narratif qui participe des principes de l’écriture automatique, comme l’atteste cette apparition soudaine et isolée d’un vrai taureau durant la scène farfelue de corrida cache-cache, ou encore ce canon de guerre qui abat un des protagonistes. Dans la première scène décrite, celle de la corrida, Kobakhidzé montre un homme déjouant les attaques à l’épée de son opposant à l’aide d’un drap blanc qui lui sert de camouflage dans cet environnement enneigé et clairsemé. Le cinéaste se sert très subtilement de la surexposition pour amplifier l’effet d’illusion. Toute cette blancheur qui remplit le cadre renvoie inévitablement à l’écran de cinéma qui nous fait face, et place Les musiciens sous l’enseigne de la réflexivité grâce à un questionnement formel sur la nature d’une image, sa visibilité et sa portée confondante. (…) www.horschamp.qc.ca