Fidèle évocation de la vie de la noblesse russe dans les années 1840. Après avoir longuement voyagé en Europe, Lavretski rentre au pays où Il retrouve avec plaisir son domaine. La première visite qu’il rend à ses voisins, les Kalitine, le met en présence de Lisa. Le coup de foudre est immédiat. L’épouse restée à Paris, son existence précédente, tout est oublié. Son seul désir est de vivre aux côtés de Lisa, si différente des femmes qu’il a connues jusqu’alors. Analyse des transformations du sentiment amoureux qui naît entre un homme déjà marié et une jeune fille.
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"Adapté du roman de Tourgueniev, Nid de gentilshommes suit les aspirations sentimentales d’un homme romantique dans une Russie aristocratique qui se meurt. D’un film de commande, Kontchalovski réussit à créer une œuvre personnelle, dépourvue de conformisme, avec toute la délicatesse de style des romans russes du XIXe siècle. Tel un impressionniste, il décrit, avec une extrême élégance, grâces évanouies et charmes décadents, dans une vibrante palette de pastels empreints de nostalgie. Une chronique tendre et lucide d’un monde désenchanté vue à travers l’œil d’un créateur sensible et fougueux." Cinémathèque française, 2020
"...Le Nid des gentilshommes, film d'Andrei Mikhalkov-Kontchalovski, d'après un roman de Tourgueniev, fut réalisé pour le cent cinquantième anniversaire de la naissance de l'écrivain russe. C'est une œuvre élégante et d'une écriture raffinée, à propos de laquelle on peut facilement évoquer Luchino Visconti et le Guépard. Une société est en train de mourir dans les derniers feux de l'été, les premières pluies de l'automne. L'histoire est en marche. Demain, viendront les personnages de Tchekhov (après ce film de 1969, Kontchalovski a réalisé Oncle Vania). La maladie du cœur, le romantisme, forment ici un écran nostalgique entre le monde rêvé de Lavretski et le monde réel. Un art de vivre, poussé jusqu'à la perfection par les représentants d'une classe qui voudrait être " européenne ", s'exaspère et se fane dans la décadence esthétique.
On sent vibrer l'âme russe des romans du siècle dernier. Kontchalovski a retrouvé la démarche de Tourgueniev, Outre son talent, sa délicatesse de style, il avait pour cela de sérieuses raisons. Après le Premier traître, film sur l'apprentissage de la révolution dans un village kirghize vers 1923, il avait tourné le Bonheur d'Assia (film non idéalisé sur la vie dans un kolkhoze), qui fut interdit par la censure soviétique. Une œuvre de commande, la plongée dans le passé, ce pouvait être un refuge pour la création artistique, A la critique - sans danger - d'une société disparue, Kontchalovski ajoute une profonde sensibilité, et le Nid des gentilshommes dépasse la perfection formelle dans laquelle il semble s'enfermer."
Jacques Siclier, Le Monde, 26 mars 1973