Moscou est en alerte rouge : alors qu’une pluie de météorites est sur le point de traverser le ciel russe, l’armée a détecté un intrus parmi les gros cailloux interstellaires… N’étant pas très chaudes pour une rencontre du 3e type, les grosses huiles de l’état-major ordonnent à leurs avions de chasse de dégommer l’énorme vaisseau extraterrestre, sans prendre en compte un facteur physique essentiel : la force d’attraction terrestre. Une grosse chute plus tard, le vaisseau ennemi a rasé un quartier entier de Moscou, tout en aplatissant des centaines de civils trop curieux pour se planquer. L’armée établit très vite son périmètre de sécurité, tandis que les chaînes d’info du monde entier font péter les Breaking News en commentant les images de chaos qui leur parviennent de la capitale russe. Forcément, avec son ambiance fin du monde, la ville est en ébullition : les extrémistes sont à la fête avec ces nouveaux clandestins, les bagarreurs essorés à la vodka frelatée prévoient déjà un accueil à la Rodney King. Et pourtant, personne n’a encore osé s’approcher de ce monstre échoué sur les décombres d’HLM car, vu la taille de l’engin, ça risque d’être un peu plus rempli qu’un monospace à banquettes repliables. Et vu ce qu’ils viennent de se prendre dans la gueule, pas sûr qu’ils vont amener les merguez et la bière lors de leur première sortie… (http://www.bifff.net/fr/product/attraction/)
Tout à ses clichés, le curieux pourrait craindre un délire nationaliste dans l’histoire d’invasion extraterrestre d’Attraction, et voilà la surprise. Le NIFFF a déjà présenté de récentes grosses productions russes, mais là, le record budgétaire est atteint, d’abord pour décrire le crash d’une station spatiale de non-Terriens dans une banlieue de Moscou. Mobilisation de l’armée et de tout ce que la nation compte de services de sécurité, ainsi que de scientifiques adéquats. La fille du colonel chargé de cette affaire va s’illustrer, parce que sa meilleure amie a été victime de la chute de la grande sphère. Les soldats mécaniques des extraterrestres ressemblent à des calandres de Tesla à forme humanoïde, mais les envahisseurs, si tant est qu’ils envahissent le pays, ont une apparence humaine. Dès lors, il y aura l’ensemble de la palette, dont une amourette Terrienne-alien, une crise fille-papa, des défis technologiques. Décrit avec des images de drones, le lieu du crash constitue une première surprise. Pas de place Rouge ou autre symbole national : les visiteurs ont l’idée saugrenue de s’écraser dans l’une des cités champignons soviétiques, aux immenses blocs de locatifs. Une Russie du petit peuple, même si le colonel y habite. Au demeurant, dans cette histoire, hormis la démonstration de la solidité de ses véhicules, l’armée ne sert à rien. En 1996, Independence Day cirait les bottes des troupes américaines. Pour glorifier le cinéma russe désormais conquérant, le réalisateur d’Attraction, Fedor Bondarchuk, qui cumule cinéma et séries, choisit un propos presque détonnant par les temps qui courent, un pacifisme façon années 1970. (https://www.letemps.ch/culture/2017/07/05/cinema-russe-independence-day-original)