Ce drame social raconte l’histoire d’une jeune migrante kirghize, Ayka, qui vit et travaille clandestinement à Moscou. Tombée enceinte, elle décide, de suite après son accouchement, d’abandonner le bébé à l’hôpital. Toutefois, avec le temps, le sentiment de maternité prend le dessus et Ayka se lance à la recherche de son fils.
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Interview de Sergueï Dvortsevoï sur ru.rfi.fr
SergueÏ Dvortsevoï : Un jour j’ai lu dans un journal qu’environ 250 femmes kirghizes avaient renoncé à leurs enfants. Je ne me rappelle plus si c’était en 2010 ou 2011. Cela m’a stupéfié : comment avaient-elles pu faire ça et pourquoi un tel phénomène de masse ?! Puis j’ai commencé à regarder de plus près et il se trouve que ce phénomène est plutôt répandu. C’est quand même bizarre : pourquoi un tel rejet ? Parce qu’en général chez les femmes asiatiques c’est plutôt rare.
- Et vous avez trouvé la réponse à cette question ?
Sergueï Dvortsevoï : J’ai trouvé une première réponse mais elle a engendré une multitude de questions. Oui, c’est une situation liée à la vie. Mais pour moi, c’est seulement une partie de l’histoire. Pour moi, le plus important était d’accéder à l’essence de l’être humain. Pourquoi l’être humain renonce-t-il à ce qui le fait avancer ? Pourquoi agit-il ainsi ? Parce que ça aurait pu être non seulement des femmes kirghizes mais n'importe quelles femmes. Ça arrive dans d’autres pays. En fait, que se passe-t-il chez l’homme, l’être humain, quand il transgresse les lois fondamentales de la vie ?
- Il n’y a pas que votre héroïne qui transgresse la loi. Dans votre film on voit aussi des policiers corrompus qui la menacent…
Sergueï Dvortsevoï : Oui, c’est une vie impitoyable. Et il faut survivre. Et la vie des immigrés à Moscou… Nous n’en savons presque rien. On entend juste des rumeurs. Nous, quand nous avons commencé le film, on pensait : bon, ce sont des gens normaux, ils ont une existence plus ou moins normale. Mais dès que tu creuses un peu, tu comprends que des choses horribles s’y produisent.