Fait partie d'un coffret Iosseliani qui contient : Avril; La Chute des feuilles; Il était une fois un merle chanteur; Pastorale
Synopsis
Une petite ville en Géorgie. Dans un vieux quartier, des cortèges funèbres d’hommes transportent en silence de vieux meubles. Ils descendent des rues, montent des escaliers. Au milieu de cet étrange ballet, la course-poursuite d’une jeune fille en robe d’été et de son amoureux en bras de chemise : elle feint de l’éviter, il la poursuit à travers les ruelles. Ils s’installent dans l’immeuble tout neuf et vide où emménage l’élite de la cité : une danseuse, sous le regard vigilant de sa mère, des musiciens s’exhibent aux fenêtres carrées comme des pièces de dominos. Les deux amoureux les contemplent de leur propre fenêtre :sur eux semblent pleuvoir les miracles d’une bienveillance divine : les ampoules s’allument, l’eau coule au robinet comme par magie. Pourtant ils sont saisis de la convoitise « bourgeoise » qui les environne : ils accumulent les meubles…jusqu’à l’étouffement. Ils jettent enfin leurs encombrantes richesses par la fenêtre et recommencent leur vagabondage à travers les ruelles de la ville.
Muet, rythmé par les bruits artificiels du progrès technique, lesquels sont rendus burlesques par leur stylisation et leur répétition qui scande les automatismes de la vie domestique, le film s’inspire à l’évidence des comédies satiriques de Jacques Tati. Transposée dans la vie provinciale en Géorgie, la caricature du progrès, ici représentée par la construction d’immeubles modernes, lesquels suscitent une désaffection de masse pour les anciens appartements, prend un caractère subversif. La prétention des nouveaux occupants de ces appartements standardisés révèle l’absurdité du nouveau conformisme qui transforme en marionnettes burlesques les membres d’une société « petite-bourgeoise » vouée par nature à la vanité des apparences.