Prix et récompenses : Troisième prix et prix de la meilleure image au festival de Moscou, 1958 Prix Femina du cinéma et diplôme du festival de Bruxelles, 1958
Langues : RU EN FR - Sous-titres : RU EN ES IT DE FR JP
Bonus : Interview de Rozovski, photoalbum
Synopsis
Alonso Quixano, un vieil hidalgo, réduit au désoeuvrement, passe son temps à lire des romans de chevalerie : il en a la tête tournée. S’identifiant à ses héros et surtout à Don Quichotte de la Manche, il veut lui aussi délivrer les opprimés, châtier les traîtres, faire le bien et s’acquérir ainsi une gloire dont parlera le monde entier. Il part avec son écuyer Sancho Pança, monté sur son étique cheval, Rossinante, et vêtu d’une armure, abandonnée depuis longtemps dans son grenier. Il s’est choisi la dame de ses pensées, en la personne d’une paysanne du voisinage : il la baptise Dulcinée de Toboso. L’idéaliste s’en va alors courir les aventures, qui le plus souvent se transforment en mésaventures, victime qu’il est de la mesquinerie et de la malveillance des gens. Un jour, Don Quichotte rencontre une dame de la cour d’un puissant duc. Amusée par la naïveté du chevalier, elle le fait inviter au château pour distraire le duc. La farce préparée se heurte à la sincérité et la bonté inébranlables de Don Quichotte. Pendant ce temps, pour se moquer aussi de Sancho Pança, on le nomme « gouverneur » d’une île. Le nouveau « gouverneur » ne manque pas de sagesse et gagne la confiance de la population avant d’être, comme Don Quichotte, chassé par les hommes du duc. Après son combat contre les moulins à vent, Don Quichotte est provoqué en duel par un homme masqué. Il s’agissait du bachelier Carrasco qui avait promis de ramener Don Quichotte à la maison. Celui-ci, exténué, est facilement battu par le jeune Carrasco et accepte de rentrer chez lui. Il meurt en pensant à sa bien-aimée, Dulcinée de Toboso.
Le roman de Cervantès, chef-d’œuvre de la littérature universelle, a fait l’objet d’un grand nombre d’adaptations cinématographiques. Selon Georges Sadoul, dans le Dictionnaire des films (« Microcosme », Seuil, 1990), le Don Quichotte de Kozintsev est le meilleur. « Il a su retrouver en Crimée la dramatique sécheresse des plateaux espagnols et, dans l’assez sinistre mystification où Sancho est nommé gouverneur, la noirceur des meilleurs Vélasquez. »
"Tout dans ce Don Quichotte soviétique pourrait paraître faux, et l’âge qu’avoue le film – il date tout de même de 1957 – pourrait encore accuser davantage ses aspects fabriqués : paysages d’Espagne restitués en Crimée, décors à la façon du Théâtre, silhouettes composées sans crainte de l’excès… Pourtant, il arrive que, parfaitement maîtisé comme ici, l’artifice puisse faire jaillir la plus haute vérité.
Dans ce Don Quichotte, tout de l’œuvre de Cervantès s’entend clairement. Note après note, se dessine un portrait merveilleusement juste du héros hidalgo : en vieil imbécile persuadé que la justice existe encore, en fou à lier qui ne veut pas se laisser lier. L’opposition dans laquelle il se trouve, face aux blasés et aux dégoûtés de la cour, est, de même, montrée avec la netteté d’un théâtre d’ombres. Pour ces scènes centrales et aussi le premier plan où apparaît le Quichotte, grande bringue déglinguée sur le faîte du mur, et qu’on n’avait pas vu depuis 1965, mérite la plus grande admiration."
Jean lebrun, La Croix
"Loin de la sécheresse glacée du film de Pabst, tourné en 1934 , en Haute –Provence avec Chaliapine, plus éloigné encore des versions muettes d’avant et d’après la preière guerre moindiale, (notamment le film danois de Lauritzen avec Doublepatte et Patachon), le film de Kozintsev est celui d’un penseur et d’un grand artiste.
C’est un cri de révolte, de colère, une recherche constante de la dignité humaine en lutte contre les forces qui cherchent à l’abaisser. L’interprétation de Nicolaï Tcherkassov, inoubliable chevalier à la Triste Figure, et celle, cocasse mais humaine de Y. Toboubeev, en Sancho Pança, ajoutent beaucoup à cette réussite. Et les paysages de Crimée, photographiés par Moskvine, ont la dureté brûlante des plateaux espagnols."
Samuel Lachize, l’Humanité