A St-Pétersbourg (dans le faubourg Kolomna) vivait une veuve peu aisée avec sa jolie fille Paracha. Elle surveillait de près la conduite de sa fille. Mais l’amour d’une mère est plus fort que toutes les intentions de sévérité. Paracha, sans en informer sa mère, a fait connaissance avec un bel officier de la Garde et quand la veuve eut besoin d’une nouvelle cuisinière, le jeune officier, habillé en femme de service s’est présenté pour l’emploi.
La vieille dame n’était pas très satisfaite de sa nouvelle cuisinère plutôt maladroite mais, n’ayant pas d’autre choix, décida de la garder. Le jeune officier était très heureux de son sort qui lui permettait de voir si souvent sa belle et de lui faire mille baisers.
Un jour que la veuve et sa fille se rendaient à l’église, la première eut une angoisse : et si la cuisinière les volait ? Elle laissa Paracha aller à l’église et se précipita chez elle. Elle entra dans la chambre de sa fille et… que vit-elle ? La cuisinière assise devant le miroir en train de se raser. Effrayée, elle s’évanouit.
Commentaires
Critique du périodique « Vestnik Kinematographii » (Le Messager du cinéma) 1913 N° 17.65
citée par Le Catalogue des films muets de Russie (Великийкинемо) et traduite par Kinoglaz :
« La Petite maison à Kolomna a excellement réussi à redonner vie à cet élégant petit poème de Pouchkine. Le scénario est très bien fait et l’on sent bien l’attachement au texte et au respect de l’époque, malgré quelques anachronismes mineurs. La mise en scène et le jeu des acteurs sont au-dessus de toute louange. Soulignons l’interprétation de Monsieur Mosjoukhine. Autant, dans le film précédent Le Chagrin de Sarra il avait parfaitement rendu le tragique du personnage Isaac, autant il est d’un comique total dans le rôle du jeune garde. »
Souvenirs de l’actrice Sofia Goslavskaïa recueillis en 1974 et cités dans Le Catalogue des films muets de Russie (Великийкинемо) et traduite par kinoglaz :
« Quand on a tourné l’épisode après le bain, Mozjoukhine m’a aidé à me déshabiller pour que j’aille me coucher. Il prenait quelques libertés et quand il voulut m’ôter les bas. Tchardynine fronça les sourcils et dit :
- Vania, on va nous accuser de vulgarité et d’actes osés.
Tchardynine refusait catégoriquement que Mozjoukhine m’enlève les bas. Alors Vania s’est mis en colère. Il dit que lui-même haïssait la vulgarité mais qu’en l’occurrence le comique de la situation l’exigeait complètement. Et il fallait bien rendre visible au spectateur le côté polisson du texte de Pouchkine. Tchardynine en convenait et ils se sont mis à y réfléchir. Finalement ils ont décidé que la prétendue cuisinière, venue de sa campagne, aimait la demoiselle (et le jeune garde encore davantage) et alors Vania Mozjoukhine me déshabillait, me mettait au lit, m’enbrassait tendrement et repectueusement les pieds puis me bordait bien avec amour, mais un amour pudique et discret. »