Octobre 1919. Petrograd est menacée par l’Armée blanche. Le commissaire Martynov, un vieux bolchevik et un organisateur de talent, est envoyé à Kronstadt par le comité central du parti. Il est d’abord accueilli avec méfiance mais il saura vite, par son courage et sa loyauté gagner la confiance des marins. Une expédition de matelots, placée sous le commandement du commissaire, part pour défendre Petrograd. D’abord les marins réussissent à repousser les Blancs. Mais un jour ils sont surpris par l’ennemi au fond de leurs tranchées. Tous périront sauf Artem Balassov qui réussit à s’échapper et à rejoindre Kronstadt. Aussitôt, il prépare une nouvelle expédition de marins.
« Les Marins de Kronstadt, de Dzigan, projeté en France en 1936,
y fit l'effet, non pas d'un film révolutionnaire, mais d'un véritable film nationaliste. L'auteur met en scène la lutte qui opposa en 1917 les marins de Kronstadt aux troupes blanches soutenues par l'étranger. On peut ajouter que cet épisode comporte une suite, prudemment omise par le camarade Dzigan. Peu de temps après leur victoire, les marins de Kronstadt trouvèrent que la tyrannie soviétique ne valait pas mieux que la tyrannie tsariste; ils se révoltèrent à nouveau, car ils étaient avant tout de mauvais garçons, de sympathiques têtes brûlées. Lénine les fit massacrer. Ce film militariste a pour lui des acteurs extraordinaires, et son départ réellement merveilleux. Dans une lumière grise, douce, se détachent des images admirables, comme seuls ont su nous en donner les metteurs en scène de ce pays : un escalier dans les remparts, une foule de marins dans la brume sont des tableaux sans cloute parfaits. On aime moins les épisodes à effet : les soldats débarquant dans la mer en chantant l’Internationale, le fusil levé au-dessus de leur tête, et surtout cette bataille confuse qui emplit les trois quarts du film. Dzigan a beau reprendre à Déroulède son clairon « qui sonne toujours », il ne donne pas d'unité à ce documentaire barbare. Là est le défaut du film : une suite de scènes mal ordonnées ne fait pas une œuvre. Nous sommes loin de l'inégalable Potemkine, ou de cet art souverain d'Ejzenstejn, composant ses images comme une musique. Nous sommes loin de la seconde partie de Tchapaïev. Mais il reste à Dzigan un art du détail à peu près parfait, dans un film presque muet. »
Bardèche et Brasillach, Histoire du cinéma