Réalisateur
Né en 1890, Russie
 
Décédé en 1937
Alekseï GRANOVSKI
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Алексей Михайлович ГРАНОВСКИЙ
Aleksey GRANOVSKY
Extrait de la filmographie
 
Réalisateur
1936 - Tarass Boulba (Тарас Бульба) [fiction, 105 mn]
1934 - Les Nuits moscovites (Московские ночи) [fiction, 94 mn]
1933 - Les Aventures du roi Pausole (Приключения короля Позоля)
1931 - Les Malles de M. O.F. (Сундуки Г. О. Ф.)
1930 - Le Chant de la vie (Песня о жизни)
1925 - Le Bonheur juif (Еврейское счастье) [fiction, 88 mn]

Biographie
Alekseï Granovski est né à Moscou. De 1910 à 1911, il étudie à l'école de théâtre de Saint-Pétersbourg et de 1911 à 1923 il suit les cours à l'Académie de théâtre de Munich et pratique au théâtre Reinhardt. A partir de 1914 il travaille dans différents théâtre de Russie. En 1919 il fonde le studio-théâtre de Petrograd (Saint-Pétersbourg) qui est transféré à Moscou en 1920 et est appelé alors Théâtre de chambre juif d'État. Ce théâtre sera décoré par Marc Chagall et finalement appelé Théâtre juif d'État. Alekseï Granovski y monte plusieurs spectacles dont Le soir de Cholem-Aleikhem (Вечер Шолом Алейхема )(1921), La Sorcière (Колдунья) de Goldfaden (1922), L'homme de l'air (Человек воздуха) (1928). Il y réalise son premier et, semble-t-il unique film russe, Le bonheur juif. Alekseï Granovski dirigera le Théâtre juif jusqu'en 1928, date à laquelle il quittera définitivement l'Union soviétique d'abord pour l'Allemagne et ensuite pour la France où il mourra en 1937.
 

Commentaires et bibliographie
- Le kinoskaz ou « dit » cinématographique : quelques principes théoriques pour un genre nouveau Catherine GERY, 2016, Presses de l'Inalco
- L'image du juif dans le cinéma soviétique : les fantômes du Yiddishland , Françoise NAVAILH, 1986, Cinéma et judéité, CinémaAction, éditions du Cerf, Paris
 
A propos du théâtre et du cinéma juifs :
"Le caractère unique du théâtre yiddish d’Union soviétique est lié en premier lieu aux conceptions dramaturgiques de Granovski, reprises et développées par Mikhoels: l’attention aux techniques corporelles, au mouvement, au geste, à la rigueur quasi mathématique des constructions scénographiques. L’influence des peintres qui conçurent les décors des mises en scène – Chagall, Altman, Rabinovitch, Falk – fut aussi déterminante. (...)

Le cinéma yiddish, qui eut une existence très éphémère (une centaine de films environ), apparaît comme un dérivé du théâtre. Il en épouse le clivage: d’une part, des «vaudevilles», opérettes et mélodrames, d’autre part, des pièces du répertoire classique, en yiddish et en traduction. Les premiers, sur la scène comme à l’écran, puisaient dans le folklore thématique et musical juif. Mais il manquait au cinéma le contact direct entre les acteurs et le public, qui faisait l’essentiel de la réussite de ce type de théâtre. Ces films marquèrent néanmoins la «comédie musicale» américaine. Un cinéma plus ambitieux, à l’instar du théâtre d’art, vit également le jour. Granovski réalisa, après son départ d’Union soviétique, Vivre, ou la Chanson / Le Chant de la vie (1932), Les Aventures du roi Pausole (1936)[Film réalisé en fait en 1933 NDLR]. Toute une série de pièces filmées ou d’adaptations de romans furent réalisées dans les années 1930: Uncle Moses d’après C.Asch, 1932; Der yidisher Köniq Lear, Mirele Efros, Mentch, man un taïvl de Gordin, 1935; Mir kumen on, documentaire d’Aleksander Ford, 1935; Yidl mitn fidl, 1936; Dans les bois de Pologne, d’après J.Opatoshu; Grine Felder de P.Hirshbein... et surtout Le Dybbuk d’après la pièce d’Anski, adaptée par A.Kacyzné et réalisée par Michal Waszynski en 1938, qui reste le chef-d’œuvre du cinéma yiddish. Malgré ses limites, ce cinéma disposait dans l’entre-deux-guerres d’un public potentiel de dix millions de spectateurs à travers le monde. Avec le génocide, la production cinématographique yiddish s’arrête (à quelques exceptions près) aussi bien en Europe qu’aux États-Unis. Étant donné le caractère industriel du septième art, le public yiddish était désormais trop restreint pour attirer les investissements."
Ertel Rachel Encyclopédie Universalis, article : « Yiddish » (langue, littérature et théâtre)