Production :
Fonds japonais, Severnyy Fond, Nadezhda, Pandora Co.
format : Vidéo
A noter : Musique de : Glinka, Tchaïkovski, Albinoni, Maler et de la musique traditionnelle japonaise
Synopsis
Une maison japonaise isolée dans la montagne. Elle fait surgir dans la mémoire du narrateur des images de son enfance en Russie, des images de guerre aussi. A l’aube, il rencontre la vieille dame qui habite la maison, seule: elle survit en vendant des kimonos. Elle accepte d’être filmée par son hôte. Et la caméra caresse longuement le visage de la vieille femme au travail: elle en explore les moindres plis, autour des yeux, autour de la bouche; elle s’arrête sur l’implantation des cheveux plantés dru sur les tempes comme des touffes du fil dont elle se sert pour coudre ses kimonos. La caméra sculpte aussi les reliefs osseux du visage, les tavelures de la peau, les paupières lourdes et immobiles. Ce visage est un paysage raviné par une douleur muette et hors du temps. Sa texture ressemble étrangement à celle des étoffes qu’elle caresse de ses vieilles mains et qu’elle coud avec une patience inaltérable. Puis on voit des insectes se poser sur l’étoffe, immobiles et recueillis. On contemple aussi des scènes de la nature: le pullulement des mêmes insectes dans la mare, et les ciels transparents ou orageux qui règnent sur la montagne. La caméra filme longuement la maison, vieille de 110 ans, toute de bois et de papier tissé aux fenêtres: l’intérieur est fait de grands espaces géométriques et vides; ornés de quelques meubles anciens, d’une petite statue de bouddha. On assiste enfin au repas frugal de la vieille dame, contemplatif comme le sont tous ses actes. Puis, pour faire ses adieux à son hôte, elle s’assied sur la natte de sa grande salle et lui lit ses poèmes: elle rend hommage à « l’automne profond » mais aussi au « chant du coucou ». Elle exprime son acceptation du temps qui passe malgré la douleur toujours vive de la mort de son mari « il y a dix ans », et l’éloignement de sa fille, mariée, et « qui ne l’attend plus comme elle l’attend ». La vie de cette femme silencieuse et immobile comme un insecte dans son inlassable activité est transfigurée par la douloureuse et humble méditation dont témoignent ses poèmes.
Sur une musique traditionnelle japonaise
et des mélodies de Tchaïkovski, ce film
est un poème en image, évoquant une
culture millénaire et une nostalgie du
pays natal, la Russie.