Les gens les plus insignifiants sont parfois les plus dangereux. Bob Odenkirk interprète Hutch Mansell, un père et un mari frustré, totalement déconsidéré par sa famille, qui se contente d’encaisser les coups, sans jamais les rendre. Il n’est rien. Une nuit, alors que deux cambrioleurs pénètrent chez lui, il fait le choix de ne pas intervenir, plutôt que de risquer une escalade sanglante. Une décision qui le discrédite définitivement aux yeux de son fils Blake (Gage Munroe), et qui semble l’éloigner encore plus de sa femme Becca (Connie Nielsen). Cet incident réveille chez cet homme blessé des instincts larvés qui vont le propulser sur une voie violente, révélant des zones d’ombres et des compétences létales insoupçonnées. Dans une avalanche de coups de poings, de fusillades et de crissements de pneus, il va tout faire pour tirer sa famille des griffes d’un redoutable ennemi (le célèbre acteur russe Aleksey Serebryakov) et s’assurer que, plus jamais, personne ne le prenne pour un moins que rien.
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Dans l’interview à Gazeta.ru Ilia Naïchouller nous parle de ce qui fait la particularité de son nouveau projet, du travail sur des films hollywoodiens avec des compatriotes, et de sa collaboration avec le groupe « Leningrad ».
— Nous avons pu lire une brève description de « Nikto » (Personne), votre nouveau film, sur le net, mais nous aimerions l’entendre de la bouche du metteur en scène. De quoi parle ce film ?
— Le film raconte l’histoire d’un homme avec un passé sombre, qui se dit qu’il veut vivre comme quelqu’un de normal, et décide de devenir ce « monsieur tout le monde ». Bien plus tard, quand le personnage de Bob Odenkirk aura fondé une famille, le monstre qui sommeillait en lui refait surface. Tout le monde a ses faiblesses – lui, c’est un besoin d’action, qui peut aussi bien le mener à des situations dramatiques, qu’à des moments réjouissants. Je vois ça comme une allégorie d’un alcoolique en film d'action: l’homme a arrêté de boire, mais croit voir des bouteilles devant lui sans arrêt, et un jour finit par se retrouver dans un bar au mauvais moment.
— Par « personne » vous entendez ceux, qui ne prennent pas le risque de faire ce qu’ils désirent vraiment ?
— Oui, pour lui, ce sont des moins que rien. Cet homme ne sait pas, ce qu’est un monde normal et une vie tranquille – il est allé trop loin dans sa volonté de s’adapter et reste malheureux. En même temps, il pense que c’est probablement comme ça que tout le monde vit. Il ne sait pas qu’on n’est pas obligé d’avoir une mauvaise relation avec sa femme, ni d’avoir un travail ennuyeux, où il n’y a potentiellement aucune amélioration. Il vit et pense : « Eh bien, peut-être que si je ne suis pas James Bond, alors c’est ça ma vie ». Et c’est pareil pour tout le monde. Alors qu’on n’a pas besoin d’être James Bond pour avoir une belle vie, bien remplie – et peu importe ton job.
— C’est le message du film ?
— Je pense que chaque spectateur tirera ses propres conclusions – cela coïncidera avec ce que je voulais faire passer dans le film à certains moments, et pas à d’autres. C’est pour cela que je préfère ne pas laisser le spectateur s’attendre à un message précis.
— Si la course au comique était à la base du film « Hardcore », « Personne » est davantage une histoire dramatique ?
— Il faut comprendre qu’il s’agit d’un film d’action avec une thématique forte, qu’on peut regarder comme un « John Wick » : on a tué son chien – il va le venger. Mais si John Wick ne voulait pas retourner à la vie tranquille, ici, le héros rêve d’une occasion de retrouver sa vie d’avant. Et c’est une différence fondamentale. Dans « Personne » il y a tout ce qu’on aime dans un film d’action – de belles scènes d’action, des acteurs exceptionnels, du sang, de la violence, mais en plus de cela tout repose sur une trame dramatique.
— Dans ce film il y a -t-il autant de sang que dans vos précédents projets ?
— Non, car c’est du cinéma de studio américain. J’ai assez joué avec du sang dans « Hardcore ». Les crânes, les mâchoires arrachées – tout cela m’amusait beaucoup. Mais si « Hardcore » était un film qui ne se prenait pas au sérieux, et n’a jamais prétendu à autre chose, « Personne » - c’est du cinéma classique, filmé volontairement de façon très conventionnelle. J’ai envie de croire que « Personne » est convaincant parce qu’il s’agit de l’histoire d’un homme, joué, il me semble par un acteur de génie, qui a réussi à rassembler autour de lui des acteurs avec un jeu très solide.
Source: https://www.gazeta.ru/culture/2020/12/10/a_13394011.shtml, traduction de Hélène Stein