La fille de Kulak, Aina, après avoir obtenu son diplôme universitaire, retourne dans son pays natal. La jeune enseignante se retrouve dans une lutte de classe pour la collectivisation. La situation est compliquée par son père, devenu l'un des chefs du conseil du village. Seule la troisième partie du film (10 min.) a été conservée.
" le film Aïna (Nikolaï Tikhonov, 1930) d’après le récit d’Andreï Platonov, l’Institutrice des sables, dont deux bobines de la version distribuée aux États-Unis par Amkino ont été retrouvées, est d’une grande beauté formelle dans les plans du désert, comme ceux, documentaires, des éleveurs nomades (l’image est due à Nikolaï Frantsisson). Il est vrai que la liste des personnages du scénario mentionnait : 1) le sable ; 2) le pouvoir soviétique ; 3) les nomades... Le conflit entre la jeune institutrice et son père, chef du clan et « koulak » refusant la collectivisation du cheptel, la sédentarisation et la modernisation, est assez classique pour la période, mais s’éloigne fortement du scénario originel – dont Platonov espérait qu’il serait réalisé par Poudovkine. Dans le passage conservé, la séquence centrale est celle où une jeune femme meurt en couches faute de soins, car Aïna n’a pu prévenir à temps l’équipe médicale. Mais ce qui aujourd’hui frappe le plus, c’est le contraste souligné entre les représentants de la tribu nomade (enfants morveux, femmes voilées, peureuses, mais surtout noiraudes et sales) et le bâtiment constructiviste des autorités soviétiques locales (maquette posée au milieu du désert) avec voiture flambant neuf circulant dans les sables, emportant à son bord de sympathiques hommes blancs vêtus à la citadine. Pareille image n’aurait pas déparé un film colonial occidental."
Valérie Pozner