Viens me regarder : Premier prix du Festival « Fenêtre sur l’Europe » de Vyborg, 2001
Biographie
Oleg Yankovski naît le 23 février 1944 à Djezkazgan au Kazakhstan. En 1965, il est diplômé du conservatoire national supérieur d’art dramatique de Saratov (Саратовское театральное училище им.Слонова) et commence à jouer dans ce théâtre.
En 1975 Oleg Yankovski part pour Moscou où il travaille pour le théâtre Lenkom (Московский театр имени Ленинского комсомола). Ses débuts au cinéma datent de 1968 avec son premier rôle dans Le Bouclier et l’épée (Щит и меч) qui fait de lui un des acteurs de plus célèbres d’Union Soviétique. D’autres rôles de l’acteur très charismatique se succèdent. En 1974 Yankovski joue le rôle du père dans Le Miroir (Зеркало), l'une des œuvres les plus importantes du réalisateur Andreï Tarkovski. Mais leur relation subit une rude épreuve quand Tarkovski choisit Anatoli Solonitsyne pour le rôle d’Hamlet sur les planches du théâtre Lenkom, rôle dont rêvait Yankovski.
Quelques années plus tard, après le mort de Solonitsyne, Tarkovski propose à Oleg Yankovski le rôle principal dans son film Nostalgie (Ностальгия), puis lui fait part de son projet de la mise à l’écran d’Hamlet, mais le projet ne sera pas réalisé.
Au début des années 80, lorsque la crise politique et économique dans le pays s’aggrave, les personnages joués par Yankovski dans Amoureux volontaire (Влюблен по собственному желанию) et surtout dans Vols entre rêves et réalité (Полëты во сне и наяву) sont considérés par les critiques comme symboliques de l’époque. Le héros du film de Roman Balaïan, Sergueï Makarov, est en pleine crise de la quarantaine, éternel enfant, il refuse d’être confronté à la réalité de la vie et se perd dans les difficultés relationnelles. Ce personnage est l’incarnation de toute une génération perdue des années 70-80, des gens qui refusent les mensonges de la société; il devient un héros culte des dernières années du système soviétique.
Dans une de ses interviews Yankovski déclare qu’il a essayé de transmettre la douleur d’un homme se sentant inutile. Une autre facette de l’acteur apparaît dans son travail pour la télévision sous la direction de son metteur en scène du Théâtre Lenkom, Marc Zakharov. Le Baron de Münchausen que Yankovski interprète dans un téléfilm, est un personnage hors du temps, déjà parce qu’il refuse tout simplement d’obéir à la montre et au calendrier, mais aussi parce que, héros d’un conte classique, il est tout à fait contemporain, et , comme souvent, tout sauf conformiste. Yankovski est un des acteurs fétiches de Marc Zakharov, ils sont très proches dans leurs conceptions esthétiques, mais aussi sociales. Ce n’est pas par hasard qu’à la question de savoir s’il mettrait un jour sur scène un opéra, Zakharov a répondu en plaisantant, « je crains, que Yankovski ne puisse pas chanter la partie d’Hermann » (dans l’opéra La Dame de pique de Tchaïkovski)
Yankovski est un de rares acteurs capables de mettre en valeur la force intellectuelle des personnages, souvent issus d’œuvres littéraires classiques, comme dans La Sonate à Kreutzer (Крейцерова соната), d’après la nouvelle de Léon Tolstoï ou dans Un Accident de chasse (Мой ласковый и нежный зверь), d’après Anton Tchekhov.
Au cours de sa carrière il est amené à jouer dans une cinquantaine de films (la biographie du Théâtre et le site de l’acteur disent même une centaine) et de nombreuses pièces de théâtre. D’après la revue « L’Ecran soviétique » (Советский экран) il est considéré en 1984 comme le meilleur acteur de son pays.
Au cours des années 90 le cinéma russe est en crise et c’est une période difficile pour l’acteur. Il travaille à l’étranger, notamment, en France.
Yankovski est lauréat de nombreux prix et récompenses. Il est le dernier comédien à obtenir le titre d’artiste du peuple de l’Union Soviétique, une semaine avant son éclatement en 1991. Pendant plusieurs années, il préside le Festival International du Film de Sotchi (Kinotavr).
En 2001 il réalise avec Mikhail Agranovitch Viens me regarder (Приходи на меня посмотреть).
Souvent dans ses interviews Yankovski répète que sa plus grande réussite est sa famille : sa femme, l’actrice Ludmila Zorina, son fils, le réalisateur Philippe Yankovski, sa belle fille, l’actrice Oksana Fandera et ses petits-enfants.