Abram Room est né en Lituanie, à Vilno, en 1894. Il étudie la neuropsychologie de 1915 à 1917 à Petrograd. Après avoir combattu dans l’Armée rouge, il exerce la profession de dentiste, puis de journaliste. En 1919 il s’oriente vers le théâtre qu’il fréquentait déjà en amateur à l’université. Jusqu’en 1923 il est metteur en scène du théâtre expérimental pour l’enfance à Saratov, puis, en 1924, au théâtre de la Révolution à Moscou. Il aborde le cinéma en 1924 en réalisant des courts métrages publicitaires. Il tourne également, dans le cadre d’une campagne antialcoolique, une comédie Chasse aux distillateurs clandestins.
Avec son premier film, réalisé en 1926, La Baie de la mort il s’impose immédiatement comme un cinéaste de premier plan. En effet, il manifeste d’emblée une puissante vision de l’histoire soutenue par un grand talent lyrique dans l’utilisation de l’image et le choix des angles, des cadres, du découpage. Les films suivants confirment ses dons. L’audace du sujet et de l’image se conjuguent dans Trois dans un sous-sol (1927) et dans Cahots (1928) qui traitent de la nouvelle morale sexuelle. En 1930, Le Fantôme qui ne revient pas a suscité l’admiration : on l’a comparé à Fritz Lang pour son sens de la géométrie, mais aussi à Resnais pour le mélange du rêve et de la réalité, à Orson Welles pour le type humain qu’il avait créé en la personne du policier- mouchard en civil. Précurseur, il avait tourné, dès 1928, le premier film sonore soviétique Le Plan des grands travaux, un documentaire.
Room a affirmé que la vocation du cinéma était de représenter la vie contemporaine : « la prééminence, disait-il en 1925, appartient aux hommes vivants ». Il s’intéresse à la psychologie, aux expressions du visage. Son style se caractérise par le découpage en continuité, les plans longs (La Baie de la mort en contient un de 2 minutes et 12 secondes).
Il meurt à Moscou en 1976.