Acteur
Né en 1925, URSS
 
Décédé en 1994
Innokenti SMOKTOUNOVSKI
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Иннокентий Михайлович СМОКТУНОВСКИЙ
Innokenti SMOKTUNOVSKY
Extrait de la filmographie
 
Acteur
1993 - Le Tueur (Убийца) de Boris AIRAPETIAN [fiction, 80 mn]
1990 - Le Tailleur pour Dames (Дамский портной) de Leonid GOROVETS [fiction, 88 mn]
1989 - La Mère (Мать) de Gleb PANFILOV [fiction, 200 mn]
1987 - Les Yeux noirs (Очи черные) de Nikita MIKHALKOV [fiction, 121 mn]
1987 - Sans soleil (Без солнца) de Youli KARASSIK [fiction, 107 mn]
1987 - A la fin de la nuit (На исходе ночи) de Rodion NAKHAPETOV [fiction, 139 mn]
1987 - Garde-marines, en avant! (Гардемарины, вперед!) de Svetlana DROUJININA [fiction TV, 290 mn]
1986 - Pouchkine : le dernier chemin (Последняя дорога) de Leonid MENAKER [fiction, 101 mn]
1983 - Unique (Уникум) de Vitali MELNIKOV [fiction, 90 mn]
1981 - Les Piliers de la terre (Опоры земли) de Roman TSURTSUMIA [fiction, 39 mn]
1979 - Moscou ne croit pas aux larmes (Москва слезам не верит) de Vladimir MENCHOV [fiction, 150 mn]
1979 - Les Petites tragédies (Маленькие трагедии) de Mikhaïl SCHWEITZER [fiction TV, 241 mn]
1976 - La Légende de Til (Легенда о Тиле) de Aleksandr ALOV , Vladimir NAOUMOV [fiction, 250 mn]
1976 - La Princesse sur le pois (Принцесса на горошине) de Boris RYTSAREV [fiction, 89 mn]
1975 - Ils ont combattu pour la patrie (Они сражались за Родину) de Sergueï BONDARTCHOUK [fiction, 160 mn]
1975 - L'Etoile d'un merveilleux bonheur (Звезда пленительного счастья) de Vladimir MOTYL [fiction, 167 mn]
1974 - Le Miroir (Зеркало) de Andreï TARKOVSKI [fiction, 108 mn]
1974 - La Romance des amoureux (Романс о влюбленных) de Andreï KONTCHALOVSKI [fiction, 138 mn]
1974 - Mères et filles (Дочки-матери) de Sergueï GUERASSIMOV [fiction, 101 mn]
1973 - Moscou - Cassiopée (Москва - Кассиопея) de Richard VIKTOROV [fiction, 85 mn]
1973 - Accomplissement des souhaits (Исполнение желаний) de Svetlana DROUJININA [fiction, 100 mn]
1972 - Dompter le feu (Укрощение огня) de Daniil KHRABROVITSKI [fiction, 166 mn]
1970 - Oncle Vania (Дядя Ваня) de Andreï KONTCHALOVSKI [fiction, 104 mn]
1969 - Crime et châtiment (Преступление и наказание) de Lev KOULIDJANOV [fiction, 221 mn]
1969 - Tchaïkovski (Чайковский) de Igor TALANKINE [fiction, 157 mn]
1968 - Cadavre vivant (Живой труп) de Vladimir VENGUEROV [fiction, 142 mn]
1968 - Les Degrés du risque (Степень риска) de Ilia AVERBAKH [fiction, 95 mn]
1966 - Attention, automobile (Берегись автомобиля) de Eldar RIAZANOV [fiction, 94 mn]
1966 - Le Petit Prince (Маленький принц) de Arunas ZEBRIUNAS [fiction, 68 mn]
1964 - Hamlet (Гамлет) de Grigori KOZINTSEV [fiction, 140 mn]
1962 - Mozart et Salieri (Моцарт и Сальери) de Vladimir GORIKKER [fiction, 47 mn]
1961 - Neuf jours d'une année (Девять дней одного года) de Mikhaïl ROMM [fiction, 111 mn]
1959 - La Lettre inachevée (Неотправленное письмо) de Mikhaïl KALATOZOV [fiction, 97 mn]

Prix et récompenses :
Hamlet :
Meilleur rôle masculin, Festival international du film de Venise / Mostra Internazionale d'Arte Cinematografica, Venise (Italie), 1964

Biographie
Acteur de théâtre et cinéma russe et soviétique.
Né le 28 mars 1925 dans un village de la région de Tomsk en Sibérie occidentale (RSFSR-URSS). Décédé le 3 août 1994 à Moscou (Fédération de Russie).
Sa famille paysanne refuse d’entrer au kolkhoze lors de la collectivisation de 1928 et se réfugie à Tomsk puis Krasnoïarsk où le père travaille comme docker au port fluvial sur l’Enisseï. Au moment de la famine de 1932, Innokenti et un de ses frères sont recueillis par une tante paternelle. A 14 ans il voit sa première représentation théâtrale qui le marque à jamais. En juin 1941, la guerre éclate et son père part au front (porté disparu en août 1942). Il doit travailler pour aider sa famille. En janvier 1943 (il n’a pas tout à fait 18 ans), il est lui-même mobilisé. Après une formation accélérée dans l’infanterie, il est jeté dès août 1943 dans la fournaise (bataille de Koursk). Il participe ensuite au passage du Dniepr et à la libération de Kiev. C’est dans cette zone qu’en décembre 1943 il est fait prisonnier et est interné dans plusieurs camps à Jitomir et Berditchev. Le 7 janvier 1944, il s’évade, se cache dans une famille ukrainienne puis rejoint en février un détachement de Partisans qui est incorporé en mars 1944 à un régiment de l’Armée Rouge. Désormais sergent, il prend part à la libération de Varsovie (janvier 1945) et à l’avancée des troupes soviétiques. En octobre 1945, il est démobilisé en Allemagne (région du Mecklembourg-Poméranie occidentale).
Malgré sa conduite exemplaire, ses médailles et ses citations élogieuses, il est victime de l’ordre N° 270 du 16 août 1941 qui sanctionne tout prisonnier de guerre comme traître potentiel : il se voit interdit de séjour dans les 39 villes les plus importantes de l’URSS dont, bien sûr, Moscou et Léningrad. Il retourne à Krasnoïarsk et étudie au Studio auprès du Théâtre Dramatique Pouchkine de la ville (1945-1946). Il n’a guère le choix pour ses engagements. De 1946 à 1951, il joue dans la troupe du Théâtre Zapoliarny de Norilsk (1), composée surtout de prisonniers du camp proche de Norillag (Goulag). Parmi eux, Guéorgui Jjenov, future vedette du théâtre et du cinéma soviétique. (2)
Puis, en 1952, il fait un passage éclair au Théâtre de Makhatchkala (Daghestan russe). De 1953 à 1954, il vit et travaille à Stalingrad au Théâtre Gorki.
Les temps ont changé et au début de l’année 1955, il se risque à Moscou et tente sa chance dans quasiment tous les théâtres de la capitale. C’est un échec. Il est finalement accepté comme acteur surnuméraire au Théâtre Lenkom. Sous-employé et donc presque pas rémunéré, il se rabat sur le Théâtre de l’Acteur de Cinéma. Car en 1956, il a fait ses débuts à Mosfilm. D’abord comme figurant puis dans le rôle du lieutenant Farber du film « Les Soldats » d’Alexandre Ivanov, adaptation du roman de Victor Nekrassov « Dans les tranchées de Stalingrad » (1946).
Entretemps, Guéorgui Tovstonogov, metteur en scène principal du prestigieux Grand Théâtre Dramatique de Léningrad, l’invite à jouer le prince Mychkine dans l’adaptation de « L’Idiot » de Dostoïevski. Il renouvelle totalement l’approche du personnage. La première a lieu le 31 décembre 1957. La presse est unanime, le public se rue. C’est un succès phénoménal, un jalon important dans l’histoire du théâtre russe et soviétique. Il quitte cette troupe en 1960. Mais cette expérience lui permettra d’incarner plus tard « Hamlet » avec la même vibration frémissante. (3)
La carrière de Smoktounovski oscille entre scène et écran. Dans les années 60, il privilégie le cinéma ; dans les années 70 c’est le théâtre. Un autre rôle mémorable est celui du tsar dans « Le tsar Fédor Ioannovitch, pièce d’Alexis Tolstoï (1868), au Maly de Moscou en 1973. En 1976, il rejoint le Théâtre d’Art de Moscou (MHAT) dirigé par Oleg Efremov. Il y reste jusqu’en 1992 et y interprète 12 pièces parmi lesquelles tous les classiques de Tchekhov, « Messieurs les Golovlev » d’après le roman M. Saltykov-Chtchedrine (1880), « La Cabale des Dévots » de M. Boulgakov… Entre 1956 et 1995, il est à des titres divers à l’affiche de 117 films.
Films marquants : « La lettre inachevée » (1959) de M. Kalatozov, « Neuf jours d’une année (1961) de M. Romme, « Hamlet » (1964) de G. Kozintsev, « Attention, automobile » (1966) d’E. Riazanov (4), « Crime et Châtiment » (1969) d’A. Koulidjanov, « Tchaïkovski » (1969) d’I. Talankine, « Oncle Vania » (1970) d’A. Kontchalovski, « La Romance des Amoureux » (1974) de Kontchalovski, « Mères et filles » (1974) de S. Guerassimov, « Dans les montagnes est mon cœur » (1976) de R. Khamdanov, « La Steppe » (1977) de S. Bondartchouk, « Les Yeux Noirs » (1987) de N. Mikhalkov, « Tailleur pour dames » (1990) de L. Gorovets, « La fête blanche » (1994) de V. Naoumov, son dernier rôle dans une sorte de bilan mélancolique.
Il a alterné grands rôles et tout petits rôles, sans souci hiérarchique. Dans « Moscou ne croit pas aux larmes » (1979) de V. Menchov, il fait juste une apparition en jouant lui-même, acteur débutant de 1957.
Il est parfois contraint, comme tout acteur, à un rôle alimentaire ; par exemple celui de l’empereur byzantin Justinien dans « La Russie à ses débuts » (1987) de G. Vassilev.
Enfin, il est la voix off du personnage principal invisible dans « Le Miroir » (1974) d’A. Tarkovski, alter ego du cinéaste. Il est également le narrateur du dessin animé « Le Héron et la Cigogne » (1974) de You. Norstein. Il double en russe Chaplin dans « Les Feux de la rampe » et « Un roi à New-York ».
Acteur majeur du XX° siècle, pas moins de 9 documentaires lui sont consacrés en Russie entre 1993 et 2015.
(1) Norilsk, située au-delà du cercle polaire arctique, est considérée comme la ville de plus de 100 000 habitants la plus septentrionale et la plus froide du monde.
(2) En 1966, I. Smoktounovski signe la Lettre des 25 représentants de la culture et la science contre la réhabilitation de Staline, adressée à L. Brejnev.
(3) Sa performance dans ce film est saluée les Anglais avec une nomination dans la catégorie Meilleur Acteur Etranger aux BAFTA en 1966.
(4) Son personnage de Detotchkine a sa statue dans la ville de Samara.
 

Commentaires et bibliographie
- Jeanne d’Arc, Louis XIII, Frida... Quand les acteurs russes incarnent des personnalités historiques 2023, RUSSIA BEYOND