L'Accordeur : Prix Nika de la meilleure réalisation et du meilleur rôle féminin (Alla Demidova), 2004
Les Petites passions : Première mondiale au festival de Berlin-94 (dans le programme Panorama)
Prix « Nika » du meilleur film de fiction et de la meilleure réalisation 1994
Prix spécial du Jury et prix des critiques à Sotchi 94
Prix du meilleur premier rôle féminin à Renata Litvinova.
Les Longs adieux : Grand prix du Festival de Cinéma de L'URSS, 1987
Prix de la FIPRESCI au Festival de Locarno, 1987
Deux en un : Prix Nika du meilleur film de la CEI et des pays baltes, 2006
Biographie
Kira Mouratova (son nom de jeune fille est Korotkova) est né le 5 novembre 1934 à Soroki (actuellement en Moldavie). Après avoir fait des études de philologie à l’université de Moscou, elle étudie au VGIK (Institut national de la cinématographie) sous la direction de S. Guerassimov et T. Makarova et obtient son diplôme en 1959. A partir de 1961 Kira Mouratova travaille comme réalisatrice aux studios d’Odessa.
En 1960 elle réalise, en collaboration avec son mari Alexandre Mouratov, son premier film un court métrage de 47 minutes Au bord du ravin abrupt dont elle dit « Le film donne lieu à une étude psychologique des rapports du chasseur et de sa proie. En un mot, le héros est une espèce de type bizarre, ce qu’on appelle en russe un “tchoudak”. Pour moi, ça a été le début de mon intérêt pour les gens bizarres, un peu marginaux, des caractères entiers et différents.» (entretien avec Françoise Navailh, Cinéma 87, décembre 1987).
Le film suivant, Notre pain honnête est une critique de la bureaucratisation de la vie à la campagne au détriment de la reconnaissance et de l’utilisation des véritables talents.
Mais, selon les paroles même de la réalisatrice, « c’est avec Brèves rencontres que commence ma biographie ». Elle y joue l’un des deux rôles principaux celui d’une femme qui partage sa vie entre ses responsabilités dans la gestion des immeubles locaux, soumise à la fois aux magouilles des constructeurs et aux demandes des locataires, et son amant. Celui-ci, faisant fi de l’idéal socialiste, se soucie moins de fonder une famille que d’organiser sa propre liberté. Le rôle est joué par Vladimir Vyssotski, chanteur extrêmement populaire au début de la carrière duquel Kira Mouratova a joué un rôle non négligeable. Le film, tourné en noir et blanc, utilise habilement les flash-backs qui stimulent l’imagination du spectateur et favorisent l’étude psychologique des situations. Peu apprécié par la censure le film n’aura qu’une distribution réduite. Le film suivant, Longs adieux sorti en 1971, montre des héros pas plus « soviétiquement positifs ». Il s’agit essentiellement des rapports d’une mère autrefois abandonnée par son mari, qui songe à « refaire » sa vie, et son fils adolescent qui supporte de moins en moins l’autorité de sa mère sans pouvoir néanmoins se résigner à la quitter. Le film sera interdit. Ces deux films ne seront vraiment connus des publics soviétique et étranger qu’une quinzaine d’année plus tard. Ils seront alors accueillis très chaleureusement. Pendant les cinq années qui ont suivi la réalisation des Longs Adieux, Kira Mouratova sera privée des moyens de tourner. Le film suivant, En découvrant le vaste monde, ne sortira qu’en 1980. On y retrouve les thèmes de l’amour et de la liberté avec peut-être plus d’humour et de distanciation. Pour le film suivant, Parmi les pierres grises qui met en scène des marginaux, les censeurs imposeront tant de coupures, que Kira Mouratova refuse de paraître sur le générique du film. Avec la perestroïka, la révélation aux publics soviétique et étranger des premiers films de Kira Mouratova, fera de la réalisatrice l’une des plus populaires de l’Union soviétique et tout particulièrement à l’étranger. Ses films ultérieurs feront souvent l’objet de discussions passionnées et contradictoires. Ils sont souvent déconcertants, parfois provocateurs, mais on y sent en permanence le même souci de dénoncer ce que la société peut avoir de mutilant par rapport aux besoins de libre expression de l’individu.
Décédée le 6 juin 2018 à Odessa des suites d'une longue maladie.