Ivan MIKOLAITCHOUK
Иван МИКОЛАЙЧУК
Ivan MIKOLAJCHUK
URSS (Ukraine), 1981, 90mn 
Couleur, fiction
L'Eté indien
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Такая поздняя, такая теплая осень

 

 Takaya pozdyaya, takaya tyoplaya osen

 Takaya pozdyaya, takaya tyoplaya osen

Autres titres : ТАКА ТЕПЛА, ТАКА ПІЗНЯ ОСIНЬ (original title)
 
Réalisation : Ivan MIKOLAITCHOUK (Иван МИКОЛАЙЧУК)
Scénario : Ivan MIKOLAITCHOUK (Иван МИКОЛАЙЧУК)
 
Interprétation
Piotr MIKHNEVITCH (Пётр МИХНЕВИЧ) ...Mikhaïlo
Grigori GLADI (Григорий ГЛАДИЙ) ...Mikhaïlo Rousnak
Galina SOULIMA (Галина СУЛИМА)
Ivan MIKOLAITCHOUK (Иван МИКОЛАЙЧУК) ...Grigor Kortchak
Nadejda DOTSENKO (Надежда ДОЦЕНКО)
Taïssia LITVINENKO (Таисия ЛИТВИНЕНКО)
Farida MOUMINOVA (Фарида МУМИНОВА)
Les SERDIOUK (Лесь СЕРДЮК)
Fiodor STRIGOUN (Федор СТРИГУН)
 
Images : Youri GARMACH (Юрий ГАРМАШ)
Décors : Nikolaï REZNIK (Николай РЕЗНИК)
Production : Studio Dovjenko
 

Synopsis
Michael Rousnak, émigré de Bucovine, a passé toute sa vie près d’une base aérienne au Canada. L’air y était tellement pollué qu’il le rendit aveugle. Cinquante ans plus tard, Rousnak revient au pays avec son ami noir Jackson et sa petite-fille Oryssia. Tout ce qu’il ne peut plus voir de ses propres yeux, il le revoit avec son âme et sa mémoire : les chemins vicinaux, le lit du ruisseau disparu, sa terre à laquelle il demande pardon à genoux. Cette terre promise sur laquelle Oryssia jette un regard curieux et désabusé à la fois, déçue par une idylle sans lendemain.
 

Commentaires et bibliographie
 
En 1965, lors du Festival de Mar del Plata où il présenta Les Chevaux de feu, l’acteur Ivan Mykolaїtchouk avait rencontré un vieil émigré ukrainien frappé de cécité évolutive, qui voulait revoir sa patrie avant de mourir. Par l’intermédiaire du comédien, celui-ci obtint un visa de séjour. Mais en retrouvant sa famille, le choc fut tel qu’il perdit définitivement la vue. De cette histoire vraie, Mykolaїtchouk tira en 1973 un scénario original qu’il dut, sous la pression des censeurs, coupler à une nouvelle de Vitaliї Korotytch à coloration politique prenant pour sujet le séjour en Ukraine d’une jeune femme d’émigrés nationalistes. Il en sortit un scénario artificieusement arrangé, souffrant d’une imagination indigente et confuse, car trop d’années avaient passé entre l’idée même et sa réalisation. Entre temps, le monde avait changé, les esprits et les rapports avec l’Occident aussi. La jeune génération de la diaspora ukrainienne, qui ne connaissait pas le pays de ses ancêtres, y était perçue comme étrangère, et ses connaissances parcellaires. Élevée dans une société multiculturelle et ouverte, Oryssia (incarnée par la jeune première Halyna Chtchebyvovk) ne peut accepter de se fondre dans une culture dominée par un groupe qui la rejette. Certes, Mykolaїtchouk et Korotytch avaient voyagé à l’étranger, senti la souffrance de leurs compatriotes mais en tant que touristes soviétiques, surveillés, n’approchant que la communauté progressiste de la diaspora. Trop de clichés convenus émaillent ce mélodrame, notamment les scènes hyperthéâtralisées d’outre-Atlantique ressemblant à un rite maçonnique, le laquage topographique de la Bucovine soviétique, les tribulations des agents de l’Intourist, les chants, les danses désynchronisées. L’erreur du réalisateur ne fut pas tant de débiter des lieux communs – la nostalgie, l’amour de la patrie, le pacifisme – que de les amalgamer et les détourner au profit du thème de l’expatriation. Tout patriote qu’il fut, Mykolaїtchouk restait étranger au thème de la perte de la mémoire, de l’abandon de la terre natale, de la recherche du temps perdu. Seule la superbe séquence du carnaval sauve in extremis ce film : on y retrouve le grand Mykolaїtchouk de Babylone XX, son premier film où il semblait renouer avec les traditions de la célèbre École poétique de Kiev. À l’évidence, en demi-teinte par rapport au personnage de Fabien dans Babylone XX, l’acteur-réalisateur semble s’être consumé par la complexité du sujet : trompé par une nature tardivement refleurie, l’homme est comme un bourgeon stérile à l’automne de sa vie. Dernier hommage à la Bucovine de l’enfant du pays, L’été indien aurait gagné la sympathie du public s’il avait pu être coproduit avec le Canada, utopie qui deviendra réalité à la fin de la décennie. Mais Ivan Mykolaїtchouk n’était plus de ce monde.
Lubomir Hosejko

Images et vidéos