L'action se déroule au cours de la deuxième moitié du XIXème siècle dans une province de Bessarabie non loin de l'Empire austro-hongrois. Quatre tziganes galopent dans les montagnes : ce sont des voleurs de chevaux. Ils concluent avec un riche marchand une transaction fondée sur la dette d’honneur : la ruse du propriétaire s’incline là devant le magnétisme de Zobar, le chef des voleurs. Au cours d’une expédition, les tziganes sont surpris et poursuivis par l’armée austro-hongroise : trois d’entre eux meurent sous la mitraille impitoyable des soldats. Zobar, blessé, parvient à leur échapper et tombe épuisé dans un champ. Une belle et mystérieuse tzigane surgit mystérieusement dans la broussaille, guérit Zobar avec de « la poussière de lune », et disparaît. Zobar rentre au camp, retrouve les siens, mais il est hanté par le souvenir de la magicienne. On le voit ensuite, au cours d’une expédition, faire une halte chez Youlichka, une jeune autrichienne blonde et douce, aveugle, avec qui il entretient une relation tendre fondée sur la compassion. Mais Zobar est recherché et, pour sauver sa tribu, menacée de représailles, son père le livre à la police. Zobar est condamné à la pendaison : au moment de l’exécution, le farouche héros est sauvé par son cheval, amené jusqu’au pied du gibet par son fidèle compagnon d’aventures, lequel est tué par la police alors que les deux hommes s’enfuient. L’errance reprend pour Zobar, mais ensorcelé par la beauté de Rada, la magicienne, il la rejoint. Elle vient de refuser une demande en mariage du gentilhomme Silad, prêt à sacrifier sa fortune à l’amour qu’il lui voue. Rada est une femme libre : elle ne conçoit pas la vie hors du voyage. Mais Zobar est de sa race : irrésistiblement attirés l’un vers l’autre, les deux héros célèbrent leur union, au milieu des danses et des chants de la tribu. Pourtant, au lendemain d’une nuit de volupté, Rada a disparu. Zobar la rejoint et, reconnaissant qu’il est devenu l’esclave de la tzigane, il la demande solennellement en mariage. Celle-ci, dans un suprême acte de fierté provoque son amant, l’humiliant publiquement. Mortellement blessé dans son honneur, Zobar la poignarde dans une étreinte passionnée. Le père de Rada venge sa fille : il poignarde à son tour le meurtrier.
L’histoire est un éloge rendu au peuple tzigane, à son irréductible fierté, à la singularité mystérieuse de sa passion pour la liberté, conquise au prix de sacrifices qui toujours ont une issue tragique. La lutte avec la police des voleurs de chevaux, qui meurent attachés à leur monture plutôt que de se rendre, le refus de Zobar et de Rada de vivre un amour qui leur semble une prison, sont les faits dominants du film : ils exaltent le sens de l’honneur des protagonistes, qui ne s’inclinent que devant la mort. La dimension historique du récit souligne la persécution permanente que l’ordre social, économique (le marchand) et politique (la police), inflige au peuple nomade. L’histoire passionnelle qui unit et sépare Zobar et Rada est montrée en contrepoint de l’amour éprouvé par le gentilhomme pour Rada et par Youlichka pour Zobar. Silad et Youlichka appartiennent à l’ordre bourgeois, celui qui paie pour satisfaire ses convoitises, et celui qui condamne au gibet un homme dont la tendresse a conquis le cœur de la jeune aveugle. La passion des tziganes est de celles qui ne s’achètent ni ne se soumettent. Elle est liée à la magie : envoûtante et maléfique, elle appartient à des forces secrètes, irréductibles à l’ordre humain.
La musique enveloppe le film de sa beauté tragique : elle règne sur les scènes de fêtes, auxquelles les danses et les chants des femmes donnent leur pouvoir d’envoûtement, et sur les scènes de deuil où s’exprime la pathétique sagesse du peuple voué à la malédiction.