Six épisodes, dont cinq tirés de Grand'peur et misère du Troisième Reich de Bertolt Brecht et un sixième, original, faisant intervenir des partisans dans la guerre contre l'envahisseur nazi.
Commentaires et bibliographie
Poudovkine a tourné tout le film, y compris les extérieurs d'hiver, à Alma-Ata, où les studios moscovites étaient repliés. À l'été 1942, il définit son film à peine terminé dans une lettre à l'historien du cinéma anglais Ivor Montagu : « Je ressens avec une particulière acuité l'ignominie du système de Hitler à travers ses méthodes d'éducation visant à anéantir avec un soin méticuleux tout ce qui est lié à la sensation de dignité humaine. Toute forme d'humiliation extrême offre aussitôt au fascisme le couple sur lequel il repose : le lâche écrasé et le salaud, parfaitement satisfait, assis sur son dos. Ce rêve schématique de division de l'humanité en lâches et en bourreaux révèle en fin de compte l'ensemble du système du régime hitlérien, depuis l'enseignement de la supériorité raciale jusqu'à la pratique de l'administration des pays conquis. »
Le film est interdit pour des raisons jamais expliquées ; les historiens ont fait des suppositions diverses. Pour G. Buttafava : « On y voyait des Allemands "bons", ou du moins "non coupables". Non, l'ennemi doit être haï tout entier, l'Allemand est toujours nazi, sadique, raciste. » Selon E. Margolit : « L'aspect (non intentionnellement] transposable à des circonstances soviétiques fut probablement la raison de l'interdiction. »
Source : Gels et dégels, une autre histoire du cinéma soviétique, Centre Pompidou, décembre 2002 - février 2003.