Editeur : Nour Films. 2019. Titre : Manuel de libération.
Contenu additionnel : documentaire : Territoire de l'amour d'Alexander Kuznetsov (50')
Synopsis
En Sibérie, Yulia et Katia ont été transférées de l’orphelinat à l’internat neuropsychiatrique et ont été privées de tous leurs droits civiques : pas de liberté, pas de possibilité de fonder une famille ou de gagner un salaire. Chacune entame un combat pour que l’État leur restitue leurs droits et rende possible leur émancipation. Entre espoirs et déceptions, Manuel de libération est le récit de ce chemin vers la liberté.
Le réalisateur, Alexander Kuznetsov, le présente ainsi: "Tinskaya. Kilomètre 3699 de la route Magistrale Transsibérienne. C'est là que se trouve l'internat psycho-neurologique dans lequel j'ai tourné mon premier film, Territoire de l'amour. Depuis, j'y reviens sans cesse. J'ai l'impression d'y avoir laissé mes pensées, mes sentiments et mon coeur. Ce lieu, que l'on appelle communément "asile d'aliénés" ou "maison de fous" fait partie du système psychiatrique russe, mais comble également, les carences de l'Etat dans le domaine de l'accueil d'enfants difficiles élevés en orphelinat. Ainsi se côtoient de réels malades psychiques et des personnes ordinaires qui semblent s'y trouver par injustice".
Durant mes repérages, j’ai parfois confié une petite caméra à mes amies internées. Elles se sont filmées les unes les autres. La caméra à la main, elles devenaient libres, au moins pour quelques temps. Elles parlaient de leur vie, de leurs rêves – d’avoir une famille, des enfants, une maison à elles, du travail. Ces images, cette expérience sont aussi l’impulsion de ce film.
En août 2011, Sergueï Yefrémov, directeur de l’internat, m’annonce qu’il prépare les documents pour entamer une procédure judiciaire en faveur de Yulia Danilouchkina. Depuis quelques temps, Segueï Efremov s’appuie sur un nouveau décret pour aider certains de ses internés à recouvrer leurs droits civiques et à tenter de vivre en dehors de l’internat. Il est en effet désormais possible pour eux d’entamer une procédure judiciaire dans ce but. Yulia s’apprêtait à passer une expertise médicolégale et à se présenter devant un juge qui peut-être lui restituerait ses droits et ainsi la possibilité d’être libre. J’ai immédiatement pensé au titre : Manuel de libération . Un film pour montrer comment il est possible de changer son destin, et d’échapper à cette prison psychiatrique grâce à la législation russe même. Dans mon précédent film Territoire de l’amour , je demandais à Yulia pourquoi elle se trouvait là, à l’internat, alors qu’elle était parfaitement capable de vivre dehors. Elle répondait résignée, et moi, je m’insurgeais de cette injustice. Ce que m’annonçait Sergeï Efremov était ce dont j’avais rêvé : mon film pouvait aider quelqu’un à regagner sa liberté... Manuel de libération est pour moi un film qui se situe sur le terrain de l’action, de la transformation. Mais il contient pour moi une autre dimension : quand je suis avec mes personnages, je suis du côté de l’émotion que je veux faire partager dans mes images. Je filme la machine étatique et face à elle, la fragilité et la force de ceux qui tentent de résister.