Editeur : Potemkine. 2016. Titre : Coffret Grigori Tchoukraï.
Ce coffret contient trois films :
- Le Quarante et unième
- La Ballade du soldat
- Ciel pur
Synopsis
Au début de la guerre, un aviateur, Alexeï épouse une jeune ouvrière. Son avion est abattu par les Allemands et il est fait prisonnier. Il est considéré comme mort. Lorsqu’il réapparaît, à la fin de la guerre, il est tenu pour suspect par ses camarades du Parti, siégeant sous une statue de Staline : ils refusent sa réintégration. Désespéré, il boit, tente de se suicider. Il ne peut reprendre une vie normale qu’à la mort de Staline : il retrouve la femme qu’il aimait et qui s’était détournée de lui. Il obtient enfin l’Etoile d’or de Héros de l’Union soviétique.
« On a pu considérer ce film comme le manifeste quasi officiel de la déstalinisation, encore qu’il ne présente qu’une version optimiste de la réalité: les rescapés des camps allemands étaient considérés comme des traîtres parce qu’ils s’étaient laissé capturer au lieu de mourir pour la patrie et beaucoup se sont retrouvés dans les camps du Goulag. Tchoukraï se borne à dénoncer l’injuste ostracisme dont souffre Alexeï, y compris de la part de ses proches : sa réhabilitation finale fait figure de « happy end », un peu à la manière de ces mesures de « justice ».où les bourreaux sont amnistiés en même temps que les victimes. « Qui est coupable? » demande Alexeï: Staline seul ou bien tous ceux qui l’ont suivi par aveuglement, y compris lui-même? Cette suggestion de réponse est de moi, car il n’est pas certain que Ejov et Tchoukraï aient consciemment poussé aussi loin le sous-entendu et le non-dit. En tout cas, la condamnation de Staline est claire, métaphoriquement aussi quand des images poudovkiennes de blocs de glace descendant une rivière figurent le dégel; son incompétence de chef de guerre est dénoncée quand Alexeï s’exclame: « Est-ce ma faute si j’ai été fait prisonnier? »
Marcel Martin, Le Cinéma soviétique, L’Age d’Homme, 1993.