Presqu'ile du Kamtchatka. Un petit village de 2000 habitants est séparé du monde par des kilomètres de marais et montagnes infranchissables sauf par des voitures tous terrains qui apportent le ravitaillement. Voilà le 31ème parcours de deux chauffeurs de ces voitures tous terrains
Attention, road movie : Vitalik et Youri, les mains souillées autant par le cambouis que par la gadoue dans laquelle leur camion-tank s’est embourbé, parviendront-ils à destination ? La fière équipée, qui ne manque pas de ressources (l’un d’eux graisse une pièce avec de la mayonnaise) n’est pas en route vers quelque guerre contre un État séparatiste ou un campement militaire, mais vers l’épicerie d’un village du Kamtchatka qui attend son ravitaillement. Cette ouverture in medias res dégage certes un comique de situation, mais les retraités des tourbières miséreux tout juste approvisionnés en pain par un wagon vert hebdomadaire dans Le Jour du pain de Serguei Dvortsevoy (1998), ou le camionneur errant de My Joy de Serguei Loznitsa (2010) viennent aussi en tête devant ce film, tempérant sa veine burlesque. Bientôt, Denis Klebeev entre dans l’intimité des deux routiers : l’un, compagnon de la patronne de cette petite entreprise de transports, avoue à demi mot sa vocation de parasite, l’autre semble faire tous les efforts possibles pour enfouir sous un machisme cruel une sensibilité à fleur de peau. Sexualité, famille, argent, les relations humaines semblent chauffées à blanc et l’extérieur, anéanti. Reste à reprendre la route dans la nuit. (Charlotte Garson) http://www.cinemadureel.org/fr/programme/competition-internationale-premiers-films/31st-haul