Elan, un village perdu au fond de la Sibérie, région désolée et couverte de marécages. Deux familles, depuis des générations, incarnent le destin du village : Les Solomine, riches, avares, attachés à leurs prérogatives, et les Oustioujanine, pauvres, rebelles et idéalistes. On apprend un jour que la Révolution a eu lieu en Russie : le jeune Nikolaï Oustioujanine se réjouit à l’idée que vont s’accomplir les paroles d’un bagnard politique qui lui a parlé dans son enfance de la ville du Soleil et de l’égalité pour les hommes. Mais il se heurte à l’hostilité des Solomine qui refusent le nouveau régime. Nikolaï est d’abord seul contre eux. Mais de génération en génération, et jusqu’aux années 1960, période de l’industrialisation, les Oustioujanine prouveront qu’ils détiennent la vérité : ils construiront l’ère nouvelle dans leur région, découvriront les richesses naturelles de la terre sibérienne.
La beauté exceptionnelle du film tient au lyrisme de la nature : Andreï Kontchalovski a « un sens de la nature quasi pulmonaire : la présence de l’immense forêt sibérienne, à travers laquelle le premier des Oustioujanine s’épuise à tracer une route vers l’inconnu, le rythme lent du fleuve, seul lien du village avec le monde, la neige, les marécages,. Il y a là une redécouverte d’une respiration lyrique, une sorte d’accord tellurique à la Dovjenko ». ( Lucien Logette, Jeune Cinéma, septembre 1979 ).
Le film, épopée à la gloire du communisme, bénéficia d’un budget gardé secret, mais dont on peut imaginer l’importance lorsqu’on sait, par exemple, que le village a été une première fois entièrement construit, pour la somme d’un demi-million de dollars. Puis l’équipe du film, surprise par l’hiver précoce ayant dû renoncer au tournage en extérieurs, le village fut entièrement reconstruit en studios, avec ses rues et son environnement pour un nouveau demi-million de dollars. L’explosion du derrick coûta deux millions de dollars. L’incendie qui dure huit minutes à l’écran brûla 10000 tonnes de pétrole.