Prologue : c’est la guerre civile. Filimonov, ancien ouvrier, sous-officier, victime d’une grave commotion, perd la mémoire. Dix ans plus tard, l’amnésique travaille comme garde dans une petite station de chemin de fer. Un jour, Filimonov, par la fenêtre d’un train, voit sa femme : la mémoire lui revient. Il part aussitôt pour Saint-Pétersbourg, dans l’espoir de retrouver son épouse, Filimona, l’usine de textiles où il travaillait avant la guerre, son patron. Mais il ne reconnaît rien : ni les monuments, ni les mœurs, ni l’usine ne ressemblent à ses souvenirs. Son usine est maintenant dirigée par un grand nombre de personnes, et tous se moquent de ses étonnements : on lui dit que c’est lui maintenant, comme tous les autres, qui est le propriétaire de l'usine. Filimonov s’habitue peu à peu à cet état des choses. Puis il part à la recherche de sa femme, mais elle s’est remariée avec un travailleur culturel hypocrite. Filimonov s’en va.
« Une certaine stylisation apparaît (…) dans la dernière (et la meilleure) bande muette de Friedrich Ermler, mais elle y est toujours subordonnée au propos de ce film politique et n’en masque ni n’en domine jamais le style fondamental. Un Débris de l’Empire respecte la tradition des films de propagande en traitant des problèmes sociaux pressants, mais il se distingue par le large éventail des thèmes qu’il traite et par la profondeur et la précision de sa critique. Ermler et Katerina Vinogradskaïa introduisirent dans leur scénario les questions les plus graves de l’époque : celles de l’aspect humain dans la construction du socialisme, des nouveaux rapports psychologiques dans le travail, de la culture des masses, (et aussi de ses aberrations), enfin celle du mariage et de la vie de famille modernes, question importante elle aussi, puisque les discordes privées ont leur influence sur le bien-être social ».
Jay Leyda, Kino, histoire du cinéma russe et soviétique, L’Age d’homme, 1976. Première édition : 1957).
Dans ce film à fois propagande et critique, un homme, tombé en amnésie au cours de la Première Guerre mondiale, retrouve la mémoire quelques années après, mais c'est celle d'avant la Révolution d'Octobre et il jette sur la société soviétique le regard d'un homme du régime tsariste… Plus qu'étonnant : fascinant. (http://www.ladepeche.fr/article/2015/03/06/2061535-plein-feux-couleur-ouverture-soir-cine-concert.html)