Prix et récompenses : Prix de la FIPRESCI, Cannes, 1968
Prix Georges Sadoul du meilleur premier film, 1968
DVD avec sous-titres
Editeur : Blaq Out. Titre : Otar Iosseliani.
Fait partie du coffret Iosseliani qui contient :Avril; La Chute des feuilles; Il était une fois un merle chanteur; Pastorale
Synopsis
Le film s’ouvre sur les scènes traditionnelles des vendanges en Géorgie : la récolte du raisin, le pressurage, la fête en plein air sur fond de chœurs paysans. L’histoire prend alors la forme d’une chronique bourgeoise dans la ville voisine : Otar et Niko, deux jeunes diplômés de l’Institut vinicole, entrent à la Coopérative et s’initient à leur premier emploi. Les heures de travail alternent avec les heures de repos, au café et dans les rues où les filles s’offrent au regard des garçons. Les semaines sont rythmées par les dimanches en famille : Otar et Niko y retrouvent leur rôle d’enfants bourgeois, porteurs de la fierté des leurs. Le récit -sans intrigue véritable- se focalise sur Niko, jeune homme élevé parmi les femmes, sa grand-mère, sa mère et ses trois petites sœurs dans un bel appartement chargé de souvenirs aristocratiques. Niko est encore naïf et tendre : il établit des relations chaleureuses avec les ouvriers, ses inférieurs, et dérange les chefs, dont il bouscule les habitudes et l’autorité. La crise centrale se noue autour de la cuve 49 : le personnel a reçu l’ordre d’en vendre le vin, pourtant imbuvable : Otar, jeune chef ambitieux veut faire appliquer la consigne, Niko se solidarise avec les ouvriers et sabote irrémédiablement le contenu de la cuve, au risque de graves sanctions. Il fait parallèlement l’expérience douloureuse de l’amour : romantique et sincère, il courtise une jeune employée délurée dont le plaisir est de créer des embouteillages de soupirants dans son escalier. Niko apprend à ses dépens les risques du jeu amoureux. Mais l’école de la vie, brutale, est efficace : Niko apprend vite à faire valoir ses prérogatives.
Histoire sans intrigue solidement nouée, le film est une chronique d’apprentissage traditionnelle : celle d’un adolescent qui, à travers les conflits rituels de l’entrée dans l’univers des adultes parvient à la maturité. Le réalisateur a situé cette crise universelle dans un cadre social et local très précis : celui de l’industrialisation de la viticulture en Géorgie. Il y montre avec réalisme les survivances de la solidarité paysanne : un vieux paysan vient se servir gratuitement à la coopérative du vin nécessaire à sa consommation personnelle, avec la complicité des ouvriers. Ces derniers, peu habitués encore aux cadences industrielles, vivent dans l’usine comme ils vivaient aux pieds des vignes : avec une insouciante bonhomie. Les petits chefs, soucieux de leur promotion personnelle, font preuve de beaucoup d’exigence quant à la rentabilité et de négligence quant à la qualité de la production, au scandale des paysans amateurs de bon vin. Les visites de groupes organisées par la propagande, écolières, touristes en tout genre, organisées par la propagande, créent régulièrement une animation pittoresque pour le personnel de la coopérative qui y trouve un motif supplémentaire pour suspendre le travail. Avec un humour empreint de mélancolie, le film révèle ainsi, en parallèle avec la transformation de Niko, la mutation socio-économique d’une région paysanne. La dernière image, celle d’une église en pleine nature, représente peut-être l’éternité.
Deux jeunes diplômés sont embauchés dans la principale usine de vinification de Tbilissi. Mais Niko n’accepte pas les principes en vigueur dans cette entreprise. Il refuse de donner le feu vert
à la vente d’un fût de mauvaise qualité, au risque d’empêcher la réalisation du Plan qui, à l’époque, réglementait toute l’économie soviétique. Un portrait critique de la société géorgienne de ce temps.