Ivan se souvient : il a eu une enfance heureuse, mais la guerre a détruit son bonheur familial. Son père, sa mère, sa petite sœur sont tués par les Allemands, le laissant orphelin à l’âge de douze ans. Pour se venger, il s’engage dans l’armée et manifeste son intelligence et son courage lors de missions dangereuses. Il refuse d’être ramené à l’arrière où ses chefs veulent lui faire suivre une formation à l’académie militaire. Il rejoint les partisans, risque sa vie pour obtenir des renseignements précieux sur l’ennemi. De retour de mission avec ses chefs, le capitaine Kholine et le lieutenant Galtsev, il échappe de justesse à une patrouille allemande. Un jour, Ivan ne rejoint pas son unité. Puis c’est la victoire : les troupes russes entrent à Berlin. Le lieutenant Galtsev découvre dans les ruines de la Chancellerie un dossier portant la photographie d’Ivan. On apprend qu’Ivan a été torturé à mort par les nazis.
L’Enfance d’Ivan est le premier long métrage réalisé par Tarkovski. La presse italienne de gauche l’attaqua violemment et J.P.Sartre le défendit dans une lettre adressée à l’Unita, organe de presse du PCI (cette lettre est en lien ci-dessus sous le titre "Lettre à Alicata...).
Selon Le Film Soviétique, le film commencé par un autre réalisateur (dans l’incapacité de le terminer) aurait été repris par Tarkovski sur proposition de Mikhaïl Romm, qui fut son professeur au VGIK.
Ce film est encore un film de guerre, mais il ne cède en rien aux poncifs du genre. Son originalité tient en trois points essentiels. D’abord est soulignée l’importance des rapports entre les hommes unis dans leur haine de l’ennemi. Ensuite la ferveur et l’émotion portent les personnages : le récit rompt avec l’idéal de l’enthousiasme collectif pour se rapprocher de la poésie intimiste : ainsi le bonheur de l’amour-passion s’inscrit-il dans le malheur de la guerre comme une nécessité irrésistible. Enfin, la beauté du récit tient à la poésie de l’enfance. Les séquences lyriques au cours desquelles Ivan se souvient du bonheur de son enfance, bonheur de l’amour familial, inséparable de l’amour de la nature, revécues au présent par Ivan sont transfigurées par leur inscription dans l’horreur de la guerre.
La beauté poétique du film évoque Dovjenko le"ciné-poète" que Tarkovski et le photographe Vadim Youssof admiraient : ils lui rendent d'ailleurs hommage par une "citation", celle du tas de pommes sous la pluie, empruntée à La Terre.