Prix et récompenses : Premier prix au Festival national de l'Union Soviétique, 1964
Synopsis
Toujours par monts et par vaux, le camionneur Pavel Kolokolnikov rencontre de multiples personnes et les situations les plus diverses qui l'intéressent l'émeuvent et le font réagir. Gai et sociable, il est toujours prêt à aider. Mais petit à petit il réalise que la vie et les gens ne sont pas si faciles à comprendre et qu'il a sûrement encore beaucoup à comprendre.
Commentaires
"Réalisé assez platement, donnant parfois une impression de pauvreté — il doit y avoir encore en U.R.S.S. des productions pauvres et des productions riches — ce film de Vassili Choukchine réussit quand même à être l'excellente antithèse de Je m'balade dans Moscou. Dans les premières minutes, l'apparition du gars — un camionneur qui « s'arrange » avec les présidents de kolkhozes les plus compréhensifs, qui boit plus que raisonnablement, qui courtise presque toutes les filles en se faisant passer pour Moscovite — fait craindre le pire, une œuvre de ton « scout » destinée à nous convaincre qu'un bon Soviétique ne se conduit pas ainsi. Mais Choukchine, du début à la fin de son film, délaisse systématiquement la leçon de morale au profit de la sympathie qu'il éprouve pour son héros et qu'il réussit à nous faire partager. Dans cette chronique détendue, dans cette promenade aventureuse à travers de petites bourgades, quelques haltes portent la griffe de la satire. Une scène de présentation de mode aux kolkhoziennes devrait inciter les dirigeants de l'industrie textile soviétique à de sévères méditations. Un rêve, qui transforme le gars en général aussi décoré que Jukov, pour inspecter un hôpital et faire un grand discours aux malades, toutes des femmes qui souffrent « du cœur », nous révèle une bien rougissante indépendance à l'égard de l'armée rouge. Et une jolie journaliste de la Komsomolskaja Pravda d'une quelconque capitale permet à Choukchine de prendre ses distances avec une certaine intelligentsia urbaine. Aussi, lorsque son gars se blesse, en empêchant une grave explosion au centre d'un kolkhoze, il ne court pas le danger de se métamorphoser en héros, il se révèle simplement à lui-même. Et ce n'est pas un sourire béat qui conclut le film, mais une très sérieuse méditation sur le bonheur, menée par un vieil instituteur, voisin de lit du blessé. Si ce gars ne remet pas son bonheur aux lendemains qui chantent, si sa revendication très personnelle le pousse à refuser d'être le héros d'une génération sacrifiée de plus, c'est que cet individualiste est en train de devenir un très attachant porte-parole de l'U.R.S.S. après Staline, de découvrir que ses chances de vie heureuse sont intimement liées à la liberté et à la franchise." Positif, février-mars 1965