Grand Prix, Prize of the Ministry of Culture, “ The person of the year” Prize of the audience of animated film festival in Annecy ( France), 1991
First Prize of Jury at ICF in Los Angeles (USA), 1991
“NICA”, 1992
A noter : Du pur bonheur et on ne sait trop quoi préférer de la technique de modelage et des personnages en pâte à modeler ou des choix musicaux qui structurent la bande sonore et l’humour. Tout y est parfait et joyeux, une mécanique qui fonctionne à merveille, une esthétique des figurines en pâte à modeler époustouflantes et tout particulièrement la figure du loup, personnage improbable et fantasque, aux antipodes d’un formalisme zoomorphe, une caricature de loup, quant à la la mère du petit chaperon rouge elle a des formes rubenniennes particulièrement accueillantes. Ce film est une parodie, celle d’abord du conte, ce qui en soit est plutôt courant, mais le plus drôle et qui confère à ce film cette vis comica, ce sont toutes ces compositions musicales et ces adaptations, ces juxtapositions, ces mises en opposition bon enfant.
On reconnait au passage l’air de Maki tiré de l’Opéra de quat’sous de Kurt Weil, des airs fameux tirés tout particulièrement d’un Américain à Paris de Gershwin et où le personnage du loup donne une interprétation gouailleuse et très drôle. On pourrait continuer cet énoncé en signalant une chanson russe célèbre ( Podmoskovnyie vetchera, Le temps du muguet) ou un tango argentin qui se développe joué à la balalaïka, et ce clin d’oeil aux films de Walt Disney avec des airs tirés des films Blanche Neige et les sept nains ou des Trois petits cochons. Dans tous ces arrangements l’orchestre symphonique de Russie pour le cinéma est remarquable. Ce film est tout de tendresse notamment à travers l’image donnée par la France,« La Vie en rose ». Sujet du film, il s’agit au demeurant d’un voyage qui conduit le Petit chaperon rouge de Moscou à Paris, et l’énonciation de chanteurs français sur France 3 est tout à fait savoureuse. L’on pourrait continuer avec ce Yodl autrichien, ou « o sole moi ». L’on note en passant la dénonciation, l’air de ne pas y toucher, des douaniers corrompus, mais le loup lui même ne serait-il point aussi lui-même la métaphore du régime russe soviétique, le film a été réalisé en 1990 soit un an après la chute du mur de Berlin !
Le Loup gris et le Petit chaperon rouge de Garri Bardine a au demeurant obtenu le Premier prix du Jury du Festival International du Film de Los Angeles 1991 et le Grand Prix et Prix du public au Festival international du film d’animation d’Annecy en 1991
Pierre-Alain Lévy (http://www.wukali.com/Le-Loup-gris-et-le-Petit-chaperon-rouge-de-Garri-Bardine-2499#.V1SQTfmLTIU)
Synopsis
Texte du conte de Charles Perrault :
Il était une fois une petite fille de Village, la plus jolie qu’on eût su voir ; sa mère en était folle, et sa mère-grand plus folle encore. Cette bonne femme lui fit faire un petit chaperon rouge, qui lui seyait si bien, que partout on l’appelait le Petit Chaperon rouge.
Un jour, sa mère, ayant cuit et fait des galettes, lui dit : Va voir comme se porte ta mère-grand, car on m’a dit qu’elle était malade. Porte-lui une galette et ce petit pot de beurre. Le Petit Chaperon rouge partit aussitôt pour aller chez sa mère-grand, qui demeurait dans un autre Village. En passant dans un bois elle rencontra compère le Loup, qui eut bien envie de la manger ; mais il n’osa, à cause de quelques Bûcherons qui étaient dans la Forêt. Il lui demanda où elle allait ; la pauvre enfant, qui ne savait pas qu’il est dangereux de s’arrêter à écouter un Loup, lui dit : Je vais voir ma Mère-grand, et lui porter une galette, avec un petit pot de beurre, que ma Mère lui envoie. Demeure-t-elle bien loin ? lui dit le Loup.
Oh ! oui, dit le Petit Chaperon rouge, c’est par-delà le moulin que vous voyez tout là-bas, à la première maison du Village. Eh bien, dit le Loup, je veux l’aller voir aussi ; je m’y en vais par ce chemin-ci, et toi par ce chemin-là, et nous verrons qui plus tôt y sera. Le loup se mit à courir de toute sa force par le chemin qui était le plus court, et la petite fille s’en alla par le chemin le plus long, s’amusant à cueillir des noisettes, à courir après des papillons, et à faire des bouquets des petites fleurs qu’elle rencontrait.
Le loup ne fut pas longtemps à arriver à la maison de la Mère-grand ; il heurte : Toc, toc. Qui est là ? C’est votre fille le Petit Chaperon rouge (dit le Loup, en contrefaisant sa voix) qui vous apporte une galette et un petit pot de beurre que ma Mère vous envoie. La bonne Mère-grand, qui était dans son lit à cause qu’elle se trouvait un peu mal, lui cria : Tire la chevillette, la bobinette cherra. Le Loup tira la chevillette et la porte s’ouvrit. Il se jeta sur la bonne femme, et la dévora en moins de rien ; car il y avait plus de trois jours qu’il n’avait mangé. Ensuite il ferma la porte, et s’alla coucher dans le lit de la Mère-grand, en attendant le Petit Chaperon rouge, qui quelque temps après vint heurter à la porte. Toc, toc.
Qui est là ? Le Petit Chaperon rouge, qui entendit la grosse voix du Loup eut peur d’abord, mais croyant que sa Mère-grand était enrhumée, répondit : C’est votre fille le Petit Chaperon rouge, qui vous apporte une galette et un petit pot de beurre que ma Mère vous envoie. Le Loup lui cria en adoucissant un peu sa voix : Tire la chevillette, la bobinette cherra. Le Petit Chaperon rouge tira la chevillette, et la porte s’ouvrit.
Le Loup, la voyant entrer, lui dit en se cachant dans le lit sous la couverture : Mets la galette et le petit pot de beurre sur la huche, et viens te coucher avec moi. Le Petit Chaperon rouge se déshabille, et va se mettre dans le lit, où elle fut bien étonnée de voir comment sa Mère-grand était faite en son déshabillé. Elle lui dit : Ma mère-grand, que vous avez de grands bras ? C’est pour mieux t’embrasser, ma fille.
Ma mère-grand, que vous avez de grandes jambes ? C’est pour mieux courir, mon enfant. Ma mère-grand, que vous avez de grandes oreilles ? C’est pour mieux écouter, mon enfant. Ma mère-grand, que vous avez de grands yeux ? C’est pour mieux voir, mon enfant. Ma mère-grand, que vous avez de grandes dents. C’est pour te manger. Et en disant ces mots, ce méchant Loup se jeta sur le Petit Chaperon rouge, et la mangea.