Sergueï EISENSTEIN
Сергей ЭЙЗЕНШТЕЙН
Sergey EISENSTEIN
URSS, 1923, 5mn 
Noir et blanc, muet, fiction
Le Journal de Gloumov
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Дневник Глумова

 

 Dnevnik Glumova

 Dnevnik Glumova

 
Réalisation : Sergueï EISENSTEIN (Сергей ЭЙЗЕНШТЕЙН)
Scénario : Sergueï EISENSTEIN (Сергей ЭЙЗЕНШТЕЙН)
D'après la pièce de Ostrovski Même le plus sage se trompe (На всякого мудреца довольно простоты)
 
Interprétation
Grigori ALEXANDROV (Григорий АЛЕКСАНДРОВ)
Aleksandr ANTONOV (Александр АНТОНОВ)
Mikhaïl GOMOROV (Михаил ГОМОРОВ)
Ivan PYRIEV (Иван ПЫРЬЕВ)
Maksim STRAUCH (Максим ШТРАУХ)
 
Images : Boris FRANTSISSON (Борис ФРАНЦИССОН)
Distribution en France : Films sans frontières
Date de sortie en Russie : 26/04/1923
 
Sites : Page Allociné, page IMDb

Synopsis
Le Journal de Gloumov est censé représenter le « monologue intérieur » du héros. La pièce d’0strovski raconte les aventures de Gloumov, un jeune homme ambitieux et peu scrupuleux. Son oncle le charge de surveiller sa femme, en échange de quoi, Mamaev l’aidera à faire un beau mariage. Mais Gloumov trompe Mamaev en séduisant sa tante et trompe cellle-ci en cherchant une riche épouse.

Gros plan sur Eisenstein : il salue le public d’un grand coup de casquette. La première séquence montre un homme du monde en chapeau haut-de-forme : une femme élégante le regarde avec convoitise. Ils disparaisssent, remplacés par trois visages coiffés de chapeaux d’apparat, affublés d’oripeaux et d’expressions perplexes, soulignées par un maquillage clownesque. Se succèdent alors une série de numéros d’acrobates : l’homme en tenue de soirée grimpe, en haut-de-forme sur les tours de l’église, saute ensuite dans une voiture militaire au milieu de la cour de l’Académie militaire. Le clown blanc apparaît, disparaît, fait des facéties. Se multiplient les pantomimes, les métamorphoses (le clown se transforme en âne, en femme provocante, en enfant). La dernière séquence montre le mariage burlesque, en travesti, des deux héros.
 

Commentaires
Les courts métrages de Sergueï Eisenstein, Julien MORVAN, perestroikino.fr, 2020
 
Le film est un court-métrage, inséré dans la représentation d’une pièce d’Ostrovski, Il y a de la simplicité dans chaque Homme sage, ou Même le plus sage se trompe , mise en scène par Eisenstein au Proletkult.

Ce court intermède filmé en une journée pour le théâtre, la veille de la première de la pièce d’Ostrovski, au cours de laquelle il était projeté comme illustration des pensées de Gloumov, en dépit de son caractère anodin et accessoire, est une étape importante dans la carrière d’Eisenstein. A l’audace de l’idée s’ajoutait la provocation au cinéma-actualité de Vertov, qu’il parodiait. Le cinéaste de la Kino-Pravda (journal d’actualités de propagande), chargé par le Goskino, de conseiller le jeune Eisenstein pour le tournage du film, refusa son concours au débutant. Eisenstein écrit dans un article intitulé Mon Premier Film : « Mais quand Vertov nous eut vu tourner un ou deux plans, il nous considéra comme des cas sans espoir et nous abandonna à notre triste destin. ». Lemberg, l’opérateur désigné, se retira aussi de l’aventure : il ne pouvait imaginer de filmer un acteur en costume de clown dans la cour de l’Académie militaire, et de plus, censé plonger dans un tank. Si les difficultés d’ Eisenstein commencent avec ce premier film, Le Journal de Gloumov constitue aussi son premier manifeste de théoricien du cinéma. Peu après, « Eisenstein fit paraître dans la revue ultra-gauchiste Lef, son article sur le « montage des attractions », article qui se basait à la fois sur l’expérience que son auteur avait du music-hall et du cirque et sur ce qu’il préméditait de faire au cinéma » (Jay Leyda, Kino, histoire du cinéma russe et soviétique, L’Age d’Homme, 1976). Dans cet article, Eisenstein proclame que le vieux théâtre représentatif-narratif est dépassé : il revendique la création d’un nouvel art, excentrique, fait d’ « agit-attraction », en rupture avec la continuité narrative. Le spectacle doit être un montage de sensations, « attractions » choisies par l’artiste sans préoccupation de la logique à laquelle le spectateur est habitué. L’attraction est conçue par Eisenstein comme un « moment agressif » du spectacle, censé soumettre le spectateur à des chocs émotionnels inattendus, donc révélateurs.
En ce sens le montage du Journal de Gloumov, la discontinuité des situations représentées, la provocation des codes sociaux, politiques et moraux que constituent le numéro d’acrobate du clown à l’Académie militaire, celui du mariage des travestis à l’église, les métamorphoses des personnages, sont un essai, burlesque et étourdissant, de ce que sera le montage ultérieur, dans les grands films du cinéaste.

Sélections dans les festivals ou événements :
- Comédies soviétiques, kinoglaz.fr (France), 2024
- Festival 'Il Cinema Ritrovato', Bologne (Italie), 2023
- Talents soviétiques - Collection Arkeion, Paris (France), 2019
- Cycle Eisenstein à la cinématique de Toulouse, Toulouse (France), 2018
- Festival national des premiers films "Dvijenie", Omsk (Russie), 2013
- Rétrospective Eisenstein à la Cinémathèque française, Paris (France), 2010

Images et vidéos
 


Film sans intertitres