Igor MINAIEV
Игорь МИНАЕВ
Igor MINAIEV
Russie / France, 2005, 135mn 
Couleur, fiction
Loin de Sunset Boulevard
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Далеко от Сансет-бульвара

 

 Far from Sunset Boulevard

 Daleko ot Sunset Bulvara

 
Réalisation : Igor MINAIEV (Игорь МИНАЕВ)
Scénario : Olga MIKHAILOVA (Ольга МИХАЙЛОВА), Igor MINAIEV (Игорь МИНАЕВ)
 
Interprétation
Aleksandr BERDA (Александр БЕРДА)
Tatiana CHELIGA (Татьяна ШЕЛИГА)
Igor DMITRIEV (Игорь ДМИТРИЕВ) ... Konstantin Dalmatov (âgé)
Elena EREMENKO (Елена ЕРЕМЕНКО)
Olessia JOURAKOVSKAIA (Олеся ЖУРАКОВСКАЯ)
Boris NEVZOROV (Борис НЕВЗОРОВ)
Sergueï ROMANIOUK (Сергей РОМАНЮК)
Tatiana SAMOILOVA (Татьяна САМОЙЛОВА) ...Lidia Poliakova (âgée)
Aleksandr SIRINE (Александр СИРИН)
Youlia SVEJAKOVA (Юлия СВЕЖАКОВА) ...Lidia Poliakova (jeune)
Sergueï TSYSS (Сергей ЦЫСС) ... Konstantin Dalmatov (jeune)
Lembit ULFSAK (Лембит УЛЬФСАК)
 
Images : Vladimir PANKOV (Владимир ПАНКОВ)
Décors : Sergueï KHOTIMSKI (Сергей ХОТИМСКИЙ), Oksana MEDVED (Оксана МЕДВЕДЬ)
Musique : Vadim SHER (Вадим ШЕР)
Produit par : Vladilen ARSENIEV (Владилен АРСЕНЬЕВ), Aleksandr BOKOVIKOV (Александр БОКОВИКОВ), Aleksandr MATVEENKO (Александр МАТВЕЕНКО), Frédéric PODETTI ( Фредерик ПОДЕТТИ)
Production : President Film (Russie) / Adesif Productions (France)
Distribution en France : www.zeligfilms.fr
 
Site : www.loindesunsetboulevard-lefilm.com/
Date de sortie en France : 2008-05-07, Site

Prix et récompenses :
Prix de l'amitié Festival du film russe "Vesna" à Paris, Paris (France), 2007
Grand prix Festival du cinéma russe à Honfleur, Honfleur (France), 2006
Meilleur scénario Festival du cinéma russe à Honfleur, Honfleur (France), 2006
Aigle d'or du meilleur costume, 2006
Médaille d'or au Film Music Festival à Park City, 2006

A noter :

La chorégraphie a été assurée par Elena BOGDANOVITCH (Елена БОГДАНОВИЧ)

DVD avec sous-titres
Editeur : Collector.
Langue : RU - Sous-titres : FR EN
Bonus : Le métro de Moscou, documentaire d'Igor Minaiev

Synopsis
Au début des années trente, Konstantin Dalmatov, jeune réalisateur revient en Union Soviétique après un séjour de deux ans en Amérique avec son amant le célèbre réalisateur Mansourov. Leurs relations sont découvertes par les autorités qui obligent Dalmatov à collaborer pour pouvoir réaliser les comédies musicales dont il rève. Pour dissimuler son homosexualité, Dolmatov épouse l'actrice principale de ses films, Lidia Poliakova. Ils deviennent célèbres, sont étroitement surveillés et se sentent constamment menacés.
 

Commentaires
Loin de Sunset Boulevard : Très bon film, coco, Gérard LEFORT, liberation.fr, 2008
Loin de Sunset Boulevard : mélo soviétique sur les plateaux de cinéma staliniens, Jean-luc DOUIN, lemonde.fr, 2008
Loin de Sunset Boulevard d'Igor Minaiev : un cri en faveur de la liberté sous toutes ses formes, Jacques SIMON, kinoglaz.fr, 2007
 

Dossier de presse
Commentaire de Grigori Zaslavski (Григорий Заславский)


Interview du réalisateur Igor Minaiev réalisée par Jacques Simon (Kinoglaz), janvier 2007


Pouvez-vous d’abord nous dire quelle est la genèse du film. D’où est venue l’idée ?
L’idée, c’est d’abord mon intérêt énorme pour le cinéma soviétique. Je pense que malgré tous les changements, la véritable histoire du cinéma soviétique n’est toujours pas écrite. Bien sûr on a des milliers de volumes écrits sur cette histoire mais c’est selon le point de vue de l’époque. Maintenant on pourrait mettre les choses et les gens à leur vraie place et non pas dans un système de valeurs qui était réglé par l’idéologie de l’époque. Mais malheureusement ce travail, selon moi, n’a pas encore été fait.

Vous avez choisi de ne parler que d’une période assez courte de l’histoire du cinéma soviétique et de personnalités précises.
Ce qui m’a surtout intéressé c’est de voir comment un artiste, un créateur de cette époque peut créer avec toutes les contraintes qui sont imposées par un régime qui exclut la liberté de création. Et pourtant il y a des gens qui ont travaillé, créé des films, c’est incroyable. Je me suis dit que le cinéma c’est mythique. Il faut regarder plutôt le côté artistique, le côté professionnel. C’est là que se situe la vraie valeur. Les films étaient tous idéologiques. Ce n’était pas possible de faire autrement. Les artistes ne pouvaient pas s’exprimer par les sujets mais par leurs qualités professionnelles. Et moi j’ai toujours été fasciné par le destin de tous ces artistes qui travaillaient toujours sous contrainte et qui ont réussi à faire des choses importantes.

Pourquoi avez-vous choisi de parler plus particulièrement du cinéma d’Alexandrov qui est assez spécifique ?
Alexandrov fait partie des réalisateurs qui m’intéressent beaucoup. Ce n’était pas facile de faire des comédies musicales sous le régime stalinien. Il a longtemps séjourné aux Etats-Unis, il y a appris beaucoup de choses et tous ses films ont été influencé par le cinéma d’Hollywood. Par exemple à l’époque, on n’a jamais dit qu’Orlova a été « construite » à la manière de Marlène Dietrich. Maintenant on commence à le dire. Mais à l’époque on donnait l’impression que tout était inventé à Moscou comme si le reste du monde n’existait pas.

Dans votre film on reconnaît facilement des personnages qui ont effectivement existé et en particulier Eisenstein, Alexandrov et Orlova. En même temps on peut lire dans le générique que les personnages du film sont imaginaires. Il semble que cela trouble certains spectateurs. Pouvez-vous préciser quelles étaient vos intentions ?
Il y avait plusieurs facettes de ce problème. D’un côté je ne voulais pas faire un film biographique. Il fallait inventer des personnages, mais des personnages basés sur des personnages réels. Le problème était le suivant : si on fait des personnages complètement inventés, ce ne sera pas crédible. Quant à faire un film biographique, je ne le voulais pas. L’approche qu’on a faite avec des éléments réels et d’autres imaginaires, est une approche assez courante dans le domaine des arts. Par exemple quand on lit Le Maître et Marguerite, on commence à se demander qui est le Maître ? Est-ce Gogol ? est-ce Boulgakov lui-même ? Ce n’est pas important. Dans le domaine de la comédie musicale soviétique, il y a principalement deux réalisateurs Alexandrov et Pyriev, tous les deux ont tourné avec leur femme comme actrice principale. Mais Alexandrov, instruit par son séjour à Hollywood était beaucoup plus performant.
Il fallait trouver un équilibre entre les faits biographiques et l’imaginaire. Ce n’était pas facile. Par exemple l’empoisonnement de Mansourov (qui représentait Eisenstein) c’était l’une des versions longtemps répandues de la mort de Gorki. Le fait qu’il y ait un personnage qui se drogue, d’abord c’était un fait répandu dans les années 20. On peut penser à Boulgakov par exemple… On s’est inspiré d’un grand nombre de personnages réels. Quant à la relation entre Eisenstein et Alexandrov, elle était complexe. On n’en parlait pas, comme s’il y avait quelque chose de honteux. On sait qu’à cette époque des gens ont été envoyés au goulag pour leur homosexualité, par exemple le chanteur Kozine. L’homosexualité était condamnée par le code pénal donc beaucoup de gens se cachaient. Je pense qu’aujourd’hui on peut parler de cela. Et pourtant beaucoup de gens font comme si ce problème n’existait pas. J’ai voulu en parler car cela fait partie de la liberté de chacun. Dans ce film où j’ai beaucoup parlé de la peur des artistes face au pouvoir, j’ai aussi voulu parler de la liberté de chacun de vivre comme il l’entend. Pas seulement de la liberté de pensée et d’expression mais de la liberté de la vie privée, de la liberté tout court.

Pour en revenir à votre choix de parler de la comédie musicale. N’y avait-il pas alors de la part du pouvoir un intérêt particulier pour le cinéma hollywoodien, avec même un projet de construire au bord de la Mer Noire un Hollywood russe ?
Oui tout à fait, et même le directeur du cinéma de cette époque, Choumiatski, a été envoyé aux Etats-Unis de même que d’autres cinéastes.

Est-ce que Staline lui-même aimait les comédies musicales ?
Oui et en particulier les comédies musicales américaines. Il aimait aussi beaucoup les comédies musicales d’Alexandrov et en particulier Volga Volga. C’est ce qui explique qu’Alexandrov était protégé par le régime. Ses comédies étaient d’ailleurs souvent mal perçues et très critiquées par les professionnels mais étaient très aimées du public.

Voyons maintenant comment a été réalisé le film. La musique y joue évidemment un rôle important. La musique est-elle originale ?
Oui, toutes les partitions sont originales, elles sont de Vadim Sher. Le problème était de ne pas faire un remake de la musique de l’époque (surtout la musique de Dounaevski). Il fallait que la musique rappelle celles des années trente, sans les copier avec un certain souffle moderne. C’est ce qu’a réussi à faire Vadim Sher au prix d’un travail gigantesque qui a d’ailleurs été récompensé au festival du film musical aux Etats Unis, où le film a obtenu le prix de la meilleure musique. C’était son premier film, un film musical avec un scénario très complexe. Il a dû travailler avec un orchestre symphonique, un orchestre philharmonique. Le tournage s’est déroulé à Kiev mais l’enregistrement musical a été réalisé à Moscou. On a utilisé des danseurs professionnels venus d’horizons très différents (danseurs folkloriques, danseurs classiques, danseurs sportifs…)

Pourquoi l’opéra sur le thème du métro de Moscou ? Est-ce un clin d’œil à votre propre documentaire, ou existe-t-il un opéra ou film musical sur ce thème ?
Non, il n’y a pas de film musical sur le métro de Moscou. J’ai choisi ce thème d’abord parce que le métro de Moscou est très impressionnant, il est très stalinien et a précisément été construit dans les années trente. A cette époque on parlait beaucoup de Moscou et la ville a inspiré plusieurs films. Alors que se déroulaient des événements tragiques, on chantait à la gloire de Moscou et de l’Union soviétique.

Pouvez-vous parler aussi de l’un des autres films musicaux avec l’artiste masculin qui est un noir. Pourquoi ce choix ?
D’abord Paul Robeson était très connu en Union Soviétique, il est venu à Moscou et ainsi le régime voulait montrer qu’il n’était pas « raciste ». Et j’ai voulu aussi faire référence au film Le Cirque d’Alexandrov où l’actrice principale est une américaine blanche avec un bébé noir qui est rejetée de son pays et accueillie en Union Soviétique. Cet épisode de mon film rappelle un aspect de la politique culturelle de l’époque.

Pouvez-vous aussi évoquer l’épisode musical du début avec la danse sur le petit personnage qui se décompose, puis la danse avec le macchabée ?
C’est une longue histoire, en fait c’est extrait d’un film des années 50 des frères Nikitchenko. Ils travaillaient au studio Gorki et étaient de très grands spécialistes des effets spéciaux, aujourd’hui malheureusement complètement oubliés.
Dans Loin de Sunset Boulevard ce petit film, déjà intéressant en soi, prend un sens métaphorique : quand la musique est commencée il faut danser jusqu’au bout, jusqu’à la désintégration du personnage qui arrache sa tête, ses mains… On se déchire complètement et l’on danse. Et la musique, qui n’est pas la musique originale, mais qui a été reécrite par Vadim Sher souligne encore le côté dramatique de la situation.
C’est par chance que nous avons retrouvé ce film que la fille de l’un des deux frères Nikitchenko avait conservé dans une boîte à chaussures.

Si vous deviez résumer ce qui vous apparaît le plus important dans votre film ?
J’ai voulu parler du destin tragique de tant de cinéastes soviétiques. Certains, comme Vertov, l’auteur de L’Homme à la caméra, ont perdu jeunes, la possibilité de continuer à travailler. D’autres comme Eisenstein n’ont pas pu réaliser les films qu’ils voulaient réaliser. J’ai voulu parler de tous ces artistes, de leur peur et aussi de leur besoin de liberté. Pour l’instant le film n’a pas encore fait son itinéraire en Russie et je ne sais pas s’il va le faire mais j’espère bien qu’il ne va pas disparaître.

Comment avez-vous choisi vos acteurs ?
Ce ne fut pas facile et plusieurs ont refusé à cause de l’homosexualité. Pour incarner le couple « Alexandrov-Orlova » à la fin de leur vie, je voulais des stars du cinéma soviétique. Si j’ai eu quelques refus, en revanche, après avoir lu l’ensemble du scénario, Dmitriev a accepté avec enthousiasme, affirmant que tout le scénario lui plaisait beaucoup.

Pour les deux jeunes héros principaux, c’était encore plus difficile, l’homosexualité était vraiment pour beaucoup un obstacle infranchissable.
C’est d’abord Youlia Svejatova que j’ai trouvée après avoir vu beaucoup d’excellentes comédiennes. Elle était peut-être la seule qui dégageait une présence exceptionnelle avec ses yeux qui brillaient, elle pouvait à la fois représenter l’époque tout en ayant une présence très actuelle.
Le plus difficile fut pour le rôle masculin. J’étais presque désespéré quand j’ai enfin rencontré Sergueï Tsyss, dont ce fut le premier film et qui très rapidement s’est parfaitement intégré dans le scénario

Sélections dans les festivals ou événements :
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- Festival du cinéma russe à Honfleur, Honfleur (France), 2006
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