Elier ICHMOUKHAMEDOV
Эльер ИШМУХАМЕДОВ
Elier ISHMUKHAMEDOV
URSS (Ouzbékistan), 1969, 83mn 
Noir et blanc, fiction
Les Amoureux
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Влюбленные

 

 The Lovers

 Vlyublennye

 
Réalisation : Elier ICHMOUKHAMEDOV (Эльер ИШМУХАМЕДОВ)
Scénario : Odelcha AGUICHEV (Одельша АГИШЕВ)
 
Interprétation
Rovchan AGDAMOV (Ровшан АГДАМОВ)
Guiouzal APANAEVA (Гюзаль АПАНАЕВА)
Sergueï GOURZO (Сергей ГУРЗО)
Karen KHATCHATOURIAN (Карен ХАЧАТУРЯН)
Rodion NAKHAPETOV (Родион НАХАПЕТОВ) ...Rodin
Khamza OUMAROV (Хамза УМАРОВ)
Roustam SAGDOULLAEV (Рустам САГДУЛЛАЕВ) ...Rustam
Oulougbek SALAKHOUTDINOV (Улугбек САЛАХУТДИНОВ)
Anastassia VERTINSKAIA (Анастасия ВЕРТИНСКАЯ) ...Tania
 
Images : Gassan TOUTOUNOV (Гасан ТУТУНОВ)
Décors : Mahomed TCHOTCHIEV (Магомет ЧОЧИЕВ)
Musique : Bogdan TROTSIOUK (Богдан ТРОЦЮК)
Ingénieur du son : Aleksandr KOUDRIACHOV (Александр КУДРЯШОВ)
Production : Uzbekfilm
Spectateurs : 20,5 millions de spectateurs
Date de sortie en Russie : 05/01/1970
 
Site : IMDb

Synopsis
Le film se déroule dans les années 1960 et évoque un groupe d’amis de Tachkent, la capitale de l’Ouzbekistan. Ces amis sont en majorité des Ouzbecks, mais il y a aussi un Grec et un Russe, Rodin, le héros principal du film. Rodin est amoureux de Tania mais à cause de son travail, il doit sillonner l’Asie Centrale pour éteindre des incendies et se trouve ainsi souvent séparé de Tania. Sans lui, Tania s’ennuie et un jour rencontre un autre homme. Rodin devra se rendre à l’évidence, Tania ne l’aime plus…
 

Commentaires et bibliographie
 
Extrait de l’article : QUE RESTE-T-IL DE 68 ? - En URSS, le temps des "Amoureux" paru dans le Courrier international - 27 déc. 2007
http://www.courrierinternational.com/article.asp?obj_id=81003
Sur le site 60-e.ru, les internautes russes glosent sur les années 1960. A la rubrique "cinéma soviétique", un auteur anonyme livre ses réflexions sur un film de 1969 intitulé Les Amoureux.
Pour comprendre comment le cinéma soviétique a montré les années 1960, inutile de voir tous les films de cette époque. Un seul suffit, même si ce n'est pas un chef-d'œuvre. <…> il a tout d'un banal mélodrame. Pourtant, il contient tout ce qu'il faut savoir sur les années 1960, et aussi tout ce que cette génération a voulu dire d'elle-même à ses contemporains, à ceux qui l'avaient précédée et à ceux qui allaient la suivre.

Le film en question s'appelle Les Amoureux. Il a été tourné par un réalisateur ouzbek, Elier Ichmoukhamedov, qui l'a réalisé en russe à Tachkent, en 1969, avec dans les rôles principaux Rodion Nakhapetov et Anastasia Vertinskaïa, deux stars du cinéma russe. La musique du film, vraiment géniale, a été composée par l'Ukrainien Bogdan Trotsiouk. Ce fut l'un des derniers films soviétiques en noir et blanc, et il a marqué la fin d'une époque : après les années 1960, l'URSS est passée à la couleur.
Les Amoureux raconte l'histoire de nos années 1960, des jeunes de cette époque, de la vie en ce temps-là. Le noir et blanc lui donne un air de documentaire, les acteurs ne jouent presque pas, tout ce que vous voyez sur l'écran est censé être spontané, simple et authentique : aucune raison donc de rajouter de la couleur à ce "témoignage". La sincérité est probablement le maître mot des années 1960. Quasiment une obsession. Elle remplace tout, tient lieu de talent au scénariste et au dialoguiste, au réalisateur et aux acteurs, éclairagistes et maquilleurs. L'essentiel est d'être sincère, et le public comprendra et acceptera sans réserve. <…>
Quel genre de film est-ce donc ? Le scénario, fort simple, met en scène un groupe d'amis dans la belle ville de Tachkent, des Ouzbeks pour la plupart, mais aussi un Grec, et bien sûr, au centre, un Russe, l'âme de la bande. Il porte un prénom étrange, évocateur s'il en est – Rodin, sorte de forme masculine de Rodina [patrie, en russe]. Chacun de ces jeunes a sa propre histoire, mais celle du héros est spéciale. Il a rencontré une belle jeune fille, et ils s'aiment, du moins le croient-ils <…>
Lorsqu'il est absent, ce qui arrive assez souvent, la belle jeune fille s'ennuie. Elle rencontre des garçons avec qui elle discute de choses et d'autres, puis quitte Tachkent pour aller effectuer son stage de fin d'études. Au bout d'un certain temps, elle cesse de répondre aux lettres de Rodin. De retour d'une de ses missions, il se rend chez elle et apprend qu'elle a un autre homme dans sa vie. Il prononce alors les paroles les plus importantes du film : "Je me doutais bien qu'il y avait quelqu'un d'autre. Je l'avais deviné à tes lettres, puis à ton silence. Cela fait longtemps que j'avais compris. Aujourd'hui, mon intuition se confirme. Ma première idée a été d'aller lui casser la gueule, mais après je me suis demandé : à quoi est-ce que ça servirait ? Moi, ce que je veux, c'est faire les choses bien." La jeune fille ne lui répond pas, elle se contente de le regarder avec ses beaux yeux, ceux d'une des plus belles actrices du cinéma soviétique. Rodin tourne les talons et part noyer son chagrin. Fin de l'histoire.

Au cinéma, les années 1960 avaient débuté avec Le Retour au port (1962), dans lequel on pouvait entendre l'une des chansons les plus populaires de cette époque : "Si un ami est tombé amoureux/et que je suis en travers de sa voie/je laisserai la place, c'est la règle du jeu/c'est toujours le troisième qui s'en va". Et à la fin des années 1960, un homme refuse de se battre pour une femme sans même chercher à savoir qui est son rival. Un summum d'altruisme et un condensé de l'esprit des années 1960. <…>
Mais le film met également l'accent sur autre chose. Alors que Roustam est encore célibataire, Rodin remarque à son propos : "C'est sûr, il a une grande famille… Mais il a besoin de se trouver quelqu'un de vraiment proche." Il veut bien sûr dire que Roustam devrait se marier, mais aussi, et c'est une idée caractéristique des années 1960, que les amis et l'épouse sont plus importants que la famille. On ne choisit pas sa famille, mais on peut choisir ses amis… Que seraient les années 1960 sans l'entière liberté de choix ?

Enfin, la principale métaphore du film, c'est son titre. Sa fin mélodramatique (les amoureux se séparent), n'en fait pas un film triste, car il ne traite pas de ces deux amoureux au sens strict. Il parle des amoureux en général, de la génération des années 1960, amoureuse de tout, de ses amis, de son travail, d'une femme, de la vie.

Sélections dans les festivals ou événements :
- Festival International des Cinémas d'Asie de Vesoul (FICA), Vesoul (France), 2022

Images et vidéos
 


Source : www.russiancinema.ru