A l'instar de ses compatriotes, candidat-e-s en quête d'une vie meilleure, qui se succèdent pendant la séquence inaugurale de Not My Job devant un employé tatillon du service fédéral russe des migrations, Farrukh laisse derrière lui femme et enfant à Douchanbé pour rejoindre sa famille (son père, sa mère et ses deux frères cadets) qui vit dans un taudis exigu de Moscou. Pour ramener quelques roubles, le jeune Tadjik, devenu clandestin, fait de la récupération de métal, mais rêve de devenir un acteur célèbre. Parce qu'il a la gueule du rôle, il interprète, dans une fiction, un immigré injustement accusé du meurtre d'un homme...avant de réellement causer la mort d'un autre dans un accident de la route qui lui vaut un séjour en prison. La caméra emboîte littéralement le pas de ce personnage tragique essayant de tracer sa voie entre le respect dû à ses parents, traditionalistes et sceptiques, et la volonté de s'intégrer dans un univers où personne ne l'attend. Avec ce premier film, Denis Shabaev raconte une parabole cruelle, dont la forme sèche et elliptique nous captive, du premier au dernier plan.
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