Ouvrier dans l’usine « Helium », Thomas Lann dirige une manifestation révolutionnaire. Il est arrêté, mais grâce à ses camarades, il peut s’évader de prison.. Il réussit à pénétrer en Russie et à entrer en contact avec l’ingénieur Potobed, l’inventeur du « rayon de la mort », avec lequel il sera possible de faire triompher la révolution. Mais deux chefs d'une organisation fasciste, envoyés par le directeur de l'usine, se sont infiltrés en Russie et s’emparent du « rayon de la mort ». Mais ne voulant partager leur butin, ils se querellent et s'entretuent. Thomas Lann, qui les suivait, récupère le "rayon de la mort" et, de retour dans sa patrie, brise les exploiteurs de l’usine.
Après le succès obtenu en Russie par sa comédie cinématographique Monsieur West au pays des Bolcheviks, où il avait brillamment montré les ressources et le dynamisme du « montage » et celui du jeu des acteurs, en rupture avec celui des « stars psychologico-théâtrales » du théâtre d’Art de Moscou, Koulechov voulut aller plus loin et faire un film où toutes les inventions techniques de son équipe seraient mises en œuvre, prouver également que les « scènes de foule pouvaient et devaient être filmées non pas au petit bonheur la chance, comme on l’avait toujours fait, mais d’une façon organisée » (Koulechov).
« Achevé dès la fin de 1924, Le Rayon de la Mort ne fut présenté à Moscou que le 16 mars 1925 ; Koulechov a raison de considérer ce film comme une réussite mais il laisse à autrui le soin d’en faire remarquer les lacunes : or de tels censeurs ont été nombreux dès l’époque et jusqu’à nos jours. Le scénariste lui-même, Poudovkine, parlant plus tard de l’importance du rythme-élément qui , dans tous les films de Poudovkine, est traité en effet avec la plus grande sensibilité- disait : « Souvenez-vous, par exemple, combien le rythme confus et mal dominé du Rayon de la Mort était fatigant, combien il détruisait tous les effets du film. » Et dans L’Art du Cinéma, Koulechov cite une conversation avec un critique : « Au nom du ciel, vous devez être complètement cinglés avec votre futurisme ! Vous montrez des films faits de tout petits morceaux ; tout spectateur normal n’y voit qu’un incroyable pataugeage. Chaque image chasse si vite celle qui la précède, qu’on ne peut jamais comprendre ce qui se passe. » De nos jours, naturellement, la technique adroite de ce film nous semble artistiquement admirable, mais il y a, dans cette tentative de concentré de Pearl White, Harry Piel et Fantomas en une seule bande, une absence d’émotion qui dut résonner comme un signal d’alarme pour le juvénile cinéma soviétique. »
Jay Leyda, Kino, histoire du cinéma russe et soviétique, Ed. L’Age d’Homme, 1976.