Editeur : Potemkine. 2017. Titre : Revue & The Event de Sergei Loznitsa.
Contenu et Bonus
Entretien avec Arnaud Hée, critique
En travaillant à partir d'images documentaires officielles, Loznitsa détourne le propos de la propagande de l'époque et nous interroge sur le statut réversible des images. Deux grands films politiques sans commentaire, qui permettent de relire l'Histoire tragique et violente de la Russie.
Synopsis
La tentative ratée de coup d’état (de putsch), initiée à Moscou en août 1991 par un quarteron de réactionnaires du Comité Central du Parti Communiste, est devenue le prélude au krach du régime soviétique. L’URSS s’est rapidement effondrée après ce putsch et le drapeau tricolore de la Fédération de Russie souveraine a été hissé au-dessus du Kremlin.
Au moment même où M. Gorbatchev, le Président de l’URSS, était retenu de force dans sa résidence de Crimée, les télévisions et les radios contrôlées par les putschistes diffusaient à la place des journaux « Le Lac des Cygnes » de Tchaïkovski ; simultanément des foules se rassemblaient en signe de protestation près de la Maison Blanche à Moscou pour défendre le siège de l’opposition démocratique conduite par Boris Eltsine ; tandis qu’à Léningrad des milliers de gens désemparés, effrayés, inquiets et désespérés descendaient dans les rues pour participer à cet événement qui, visiblement, devait changer leurs destins.
"En août 1991, le putsch raté de la ligne dure du parti communiste contre Gorbatchev précipite la chute de l’URSS. De cet ébranlement fatal du régime soviétique, Sergei Loznitsa se fait sans voix off le chroniqueur inactuel dans une puissante fresque en found footage. "L’événement" qui détermine le titre de son film désigne deux choses : d’une part, le fait historique, sa trace dans la mémoire collective et le récit national russes ; d’autre part, le travail de re-montage d’images d’archives qui confère à ces actualités d’alors une saisissante lecture du présent. Comme dans Le Siège (2006), le cinéaste requalifie dans un ambitieux travail de montage ces archives anonymes, laissant émerger sans jamais y insister les signes et les figures du changement d’ère (comme Poutine, alors improbable garde du corps). Comme dans Maïdan (2014), la foule, moins nation unanime que corps politique imprévisible, est l’objet de toute l’attention du cinéaste. Loznitsa poursuit avec Sobytie le portrait contrasté de l’ex-société soviétique et de ses recompositions multiples." Alice Leroy, www.film-documentaire.fr/