Vania Tchorine est un jeune matelot du croiseur « Aurore ». Il débarque pour la première fois à Leningrad. Il se promène avec des amis dans le parc de la maison du peuple. Il est émerveillé par la roue du diable, puis par une jeune fille, Valia : il oublie l’heure de l’embarquement. Ses amis le cherchent en vain. Les deux jeunes gens rencontrent le chef d’une bande de malfaiteurs qui les emmène dans les bas-fonds de la ville, là où la bande a son repaire. Les bandits les contraignent à participer à leurs mauvais coups. Enfin Tchorine leur échappe, rentre à bord : il est jugé par ses camarades. La police organise une descente chez les malfaiteurs, et tue leur chef au cours d’un échange de coups de feu.
« Les réalisateurs regardent la réalité avec des lunettes tordues. Pour eux, la racaille est romantique, attirante. Tous les personnages du film sont dévoyés. C’est une bohême malsaine. Le langage artistique et social y est un jargon de cabaret, de semi-boulevard. Et le film a du mal à joindre avec honneur les deux bouts. La fin n’est pas convaincante. Le retour du marin sonne comme un mauvais agitfilm. La FEKS n’a pas évité la mauvaise théâtralité. Les mimiques, les vains efforts poussés jusqu’à la grimace pathologique ne font pas un homme, éduquent mal un acteur. L’américanisme de troisième zone est inutile. Les manières d’apaches, les détectives, les danseurs de fox-trot dans les rues de Leningrad…On ne voit pas les vrais bas-fonds (thème sérieux) (…) Non, la FEKS s’est trompée de voie. Il faut parler la langue du peuple et regarder profondément la vie, sans lunettes tordues.
Un grand film, mais qui manque d’une boussole. La bohême est une maladie de croissance fréquente chez nos jeunes créateurs. Kozintzev et Trauberg sont talentueux à leur façon. On sent l’influence des peintres occidentaux (ils connaissent visiblement Picasso). Mais il faut une direction culturelle et de bonnes conditions de travail. Notre éducation cinématographique reste faible. Et nous lançons dans le vide des jeunes forces talentueuses ».
Pravda, 27 mars 1926, Hris X (Hersonski (extraits)).