Timour BEKMAMBETOV
Тимур БЕКМАМБЕТОВ
Timur BEKMAMBETOV
Russie, 2004, 115mn 
Couleur, fiction
Night Watch / Ronde de nuit
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Ночной дозор

 

 Night Watch

 Nochnoy dozor

 
Réalisation : Timour BEKMAMBETOV (Тимур БЕКМАМБЕТОВ)
Scénario : Timour BEKMAMBETOV (Тимур БЕКМАМБЕТОВ), Sergueï LOUKIANENKO (Сергей ЛУКЬЯНЕНКО)
D'après le roman de Sergueï LOUKIANENKO Notchnoï dozor
 
Interprétation
Konstantin KHABENSKI (Константин ХАБЕНСКИЙ) ... Anton Gorodetski
Gocha KOUTSENKO (Гоша КУЦЕНКО) ...Ignat
Vladimir MENCHOV (Владимир МЕНЬШОВ)
Maria MIRONOVA (Мария МИРОНОВА) ...La mère d'Egor
Anna SLIOU (Анна СЛЮ)
Viktoria SMIRNOVA (Виктория СМИРНОВА)
Alekseï TCHADOV (Алексей ЧАДОВ)
Valeri ZOLOTOUKHINE (Валерий ЗОЛОТУХИН)
 
Images : Sergueï TROFIMOV (Сергей ТРОФИМОВ)
Produit par : Konstantin ERNST (Константин ЭРНСТ)
Production : Tabbak / Bazelevs-production, Première chaîne
Recettes en Russie : 16.24 million(s) de dollars
Distribution en France : Fox Searchlight
Date de sortie en Russie : 08/07/2004
 
Sites : Allociné, IMDb, site russe
Date de sortie en France : 2005-09-28, Site

Prix et récompenses :
2ème prix au Festival international du film fantastique de Bruxelles, 2005

DVD avec sous-titres
Editeur : Fox Pathé Europe

Synopsis
A l’aube des temps, en Russie, les Seigneurs de la Lumière ont conclu une trêve avec ceux des Ténèbres. Depuis lors, les gardes du jour et ceux de la nuit veillent au maintien de l'accord et du fragile équilibre entre le bien et le mal. Mais le Seigneur des Ténèbres continue à comploter. Toute mauvaise action humaine : infidélité, traîtrise, meurtre, pourrait faire pencher la balance à son avantage. C’est pourquoi, dans les rues de Moscou, une unité de forces spéciales de la Lumière traque les êtres maléfiques, qui brisent le pacte. Pour les trouver, ils utilisent des gens dotés de capacités surnaturelles : les «Autres». Mais l’ancienne prophétie prédit qu'un jour, un «Autre» puissant pourrait bien prendre le parti de l'une des forces...
 

Commentaires et bibliographie
Dix films russes qui ont fait un carton au box-office international, Anna NEKHAÏEVA, RUSSIA BEYOND, 2023
Night Watch (2004) [de Timour BEKMAMBETOV], Julien MORVAN, Perestroikino, 2020
Copycat cinema: 5 Hollywood films the Russians did first, Josh NADEAU, calvertjournal.com, 2017
Two Decades of Post-Soviet Cinema : Taking Stock of Our Stocktaking, Seth GRAHAM, kinokultura.com, 2008
C Константином Эрнстом беседует редакция «Сеанса», Groupe d'auteurs, seance.ru, 2006
Вальс-дозор, Dmitri BYKOV, seance.ru, 2006
Night Watch : Moscou réinvente Star Wars, Joël CHAPRON, Cinelive-Octobre 2005, 2005
Blockbuster à la russe [au sujet de Night watch de Timur Bekmambetov], Joël CHAPRON, Cahiers du cinéma N° 605, 2005
Le succès de Night Watch [de Timur Bekmambetov] dynamise le cinéma commercial russe, Joël CHAPRON, Le Monde, 2005
Timur Bekmambetov: Night Watch (Nochnoi dozor) (2004), David MACFADYEN, kinokultura.com, 2004
 
Night Watch fait partie d'une trilogie dont les deux premiers volets sont déjà réalisés, le second sera distribué hors de Russie sous le nom de Day Watch (Ночной дозор 2). Le titre russe du troisième est Сумеречный дозор (Ronde du crépuscule).

Dans son édition du 23 août 2004, le journal Vedomosti rapporte que selon le journal américain Variety, la Première chaîne de télévision russe aurait vendu les droits de distribution mondiale de Night Watch et de Day Watch (déjà tourné par la Fox Searchlight qui fait partie de 20th Century Fox) pour 4 millions de dollars.
Variety écrit aussi que la 20th Century Fox participera au financement du tournage du troisième film. Le représentant officiel du studio 20th Century Fox a confirmé au journal Vedomosti l’existence de cet accord avec la Première chaîne.
Aucun représentant de la Première chaîne n’a commenté cette information.
Quelques semaines après sa sortie, Night Watch avait encaissé près de 16 millions de dollars de recettes, battant ainsi tous les records.
Selon Newsru.com du 22 juillet 2005, la 20th Century Fox aurait déjà signé un contrat avec Timour BEKMAMBETOV pour le tournage de trois films dont le troisième volet de Night Watch qui ferait participer des acteurs américains et dont le budget atteindrait 100 millions de dollars.

Analyses :
On trouvera une analyse détaillée du film en anglais, faite par David MacFadyen, professeur à l'université de Californie à Los-Angelès, faculté des langues et littératures slaves, spécialiste du poète Joseph Brodsky, auteur d'une étude de l'oeuvre de Eldar Riazanov et de très nombreux articles sur la littérature, le cinéma et d'autres aspects de la culture soviétique et russe. Cette analyse est parue sur le remarquable site consacré au nouveau cinéma russe : Kinocultura

Le journal Le Monde publie dans son édition datée du 28/09/2005 un article de Monsieur Joël Chapron consacré au film : Le succès de "Night Watch" dynamise le cinéma commercial russe. En voici quelques extraits :
"Night Watch pourrait n'être qu'un film de genre de plus dans le paysage de la cinématographie mondiale, alliant fantasmagorie, effets spéciaux, action et stars locales. Mais ce film, réalisé par le meilleur metteur en scène de publicités russe de sa génération, Timur Bekmambetov, est avant tout un film de producteur. En effet Konstantin Ernst, <...> est à l'origine de ce projet.
C'est lui qui a trouvé dans le livre Night Watch de Sergueï Loukianenko les éléments aptes à mobiliser les spectateurs russes, lui qui a convaincu le réalisateur, réticent au départ, lui qui est à l'origine d'un casting aussi célèbre que disparate, lui encore qui a supervisé toute la production et le montage.
<...> De plus, les gros films commerciaux qui sont sortis après Night Watch ­ - une demi-douzaine en 2005 - ­ ont, d'une manière générale, rencontré leur public. Night Watch a même dû céder le record des entrées en salles au Gambit turc, de Djanik Faïziev, sorte d'Indiana Jones russe produit lui aussi par la première chaîne.
<...> Les films d'auteur qui ont fait la réputation du cinéma russe dans les festivals étrangers ne sont pas en reste. Haspartum, d'Alexeï Guerman Jr., présenté en compétition à Venise en septembre, en est la meilleure preuve. <...> Ceux que Night Watch laisse indifférents pourront se tourner le 9 novembre prochain vers Koktebel, premier film de Boris Khlebnikov et Alexeï Popogrebski, primé dans une quinzaine de festivals du monde entier.
Les amateurs, eux, découvriront durant le premier semestre 2006 le deuxième volet de la trilogie, Day Watch."

Point de vue par Elena Kvassova-Duffort (Kinoglaz) :
Après Le Barbier de Sibérie, après La Noce et Le Retour, le 28 septembre sur les écrans français sort Night Watch : le blockbuster russe.

Pour ceux qui voient l’expression « blockbuster russe » avec une certaine ironie, il faudrait peut-être rajouter quelques chiffres et faits : la recette en salles de Night Watch en 2004 en Russie était de $ 16 700 000, ce qui lui a permis de dépasser le 3ème volet du Seigneur des Anneaux. Chaque copie du film a rapporté environ $ 50 900. Hors Russie, le distributeur du film est l’américain Fox Searchlight qui fait partie de 20th Century Fox. Le film a ouvert une nouvelle page d’histoire du cinéma russe, et selon M. Joël Chapron, certainement l'un des meilleurs spécialistes français du cinéma russe d’aujourd’hui, dans cette histoire il y aura «l’avant Night Watch » et «l’après Night Watch » (interview donnée à Kinoglaz le 19 avril 2005).

Night Watch est sorti en Russie en 2004, il est le premier d'une liste de films russes à grand succès populaire produits depuis. (Le film Gambit turc, en salles juste après Night Watch, a battu le record des recettes de ce dernier de $ 2 000 000. Parmi les leaders du box-office il y avait aussi Combat avec une ombre et Le Conseiller d’état, on attend avec l’impatience Le Neuvième régiment de Fiodor Bondartchouk)

En France, la question qui se pose est comment faire la promotion d’un blockbuster russe pour le public, habitué à un tout autre genre de films : de Tarkovski à Mouratova, d’Eisenstein à Paradjanov. Regardons la bande annonce qui est déjà en salles. Effectivement, on n'y insiste pas sur le fait que le film soit russe. Car c’est un film de genre, qui pourrait être tourné dans n’importe quel pays.

Pourtant, cela aussi, ce n’est pas tout à fait vrai. Reprenons dès le début :

Le sujet. Les forces du bien et du mal se combattent. Après avoir conclu une trêve de plusieurs siècles, elles se surveillent car le moindre événement pourrait faire pencher la balance entre le Clair et l’Obscur. Et effectivement, un jour cela sera le cas, à Moscou.
Moscou en 1992 (le début de l’histoire se passe dans un passé très lointain, puis en 1992, puis quelques années après). C'est une époque d’énormes changements dans la société, de conflits et de malheurs et, par conséquence, d’une énorme concentration d’énergie, bonne comme mauvaise. Rien d’étonnant que ce soit à Moscou où s’est produit un entonnoir d’énergie, provoquant des catastrophes, tant souhaitées par les forces du mal. La dernière fois, où un tel événement a eu lieu, c’est Mikhaïl Boulgakov, qui l’a décrit dans Le Maître et Marguerite. Le diable lui-même a visité Moscou quelques années après la révolution d’Octobre, justement, au moment des grands changements dans la société. Alors, c’est évident, c’est Moscou et non Chicago ou New York qui pour une fois devrait être le centre des événements. Et les Russes en sont fiers. D’ailleurs c’est le réalisateur Timour Bekmambetov lui-même dans une de ses interview qui a dit, qu’il voulait tourner « un film sur la vie d’aujourd’hui avec les éléments de mystique presque boulgakoviens »
(http://www.rambler.ru/db/news/print.html?mid=4790708).

L’Univers. Moscou : c’est un peu fou. C’est un environnement de soucis quotidiens, comme aller au marché, sauf qu’au marché de Moscou on peut s’approvisionner de viande chez un vampire, avec du sang encore tiède dans un thermos chinois – pour les amateurs. Une camionnette de service d’électriciens, une camionnette comme les autres, modèle des années 50 ou encore plus vieille, sauf qu’à l’intérieur c’est une patrouille des forces de la Lumière, qui monte la garde de nuit. Un bureau de fonctionnaire apparemment aussi comme les autres, dans un immeuble triste et ennuyeux, sauf que ce fonctionnaire est le chef des forces de la Lumière, qui maîtrise entre autres les méthodes des chirurgiens philippins - faire des opérations chirurgicales sans scalpel. Un monde parallèle, avec lequel nous avons l'occasion de faire connaissance grâce à l’auteur du roman, qui est à l’origine du film, Sergueï Loukianenko.

Un bon nombre de détails réalistes dans le film ont aussi une autre explication, qui s’appelle «placement de produits », ou «product placement ». A l’époque, où tout est cher, le producteur pense à rentabiliser son film dès le début. Alors il fait placer dans le film des logos de toutes sortes, et si l’héroïne boit un café, le spectateur est aussitôt mis au courant de la marque qu'elle préfère. Il faut ajouter que le réalisateur du film est très connu par ses spots publicitaires, on se souvient très bien de son « Histoire mondiale de la banque Impériale », alors, dans le film c’est le travail d’un pro : Nescafé, MTC (opérateur de téléphonie mobile russe), la Première chaîne (le producteur du film) – tous le logos sont là, bien visibles et même trop.

Est-ce bien fait ? Oui. Avec un bon nombre d’effets spéciaux, comme la chute d’un boulon sorti de l’aile d’un avion ou un saut périlleux de camionnette, provoqué par un simple geste du Prince des Ténèbres. Il y a dans le film plusieurs acteurs russes de la toute nouvelle et très prometteuse génération - Konstantin Khabenski, Maria Mironova, Alexeï Tchadov. Excellents sont les anciens - Vladimir Menchov, Rimma Markova et Valeri Zolotoukhine.

Y a t il des choses à critiquer ? Oui. Car la fin du film est moins convaincante que son début. Par ailleurs, le combat aux sabres phosphorescents rappelle trop un autre film, et les lunettes noires du héros – encore un autre. L'usage de clins d'oeil n'est pas rare au cinéma, mais est-il toujours justifié ?

Faut-il aller le voir? A chacun de décider. Il est évident que c’est une nouvelle époque de films russes qui commence. Car, souvenez-vous, il y aura un avant et un après Night Watch

A oui, encore une chose : bientôt il y aura aussi la suite !

Sélections dans les festivals ou événements :
- Festival du film russe pour une autre Russie (anciennement Festival du film russe Paris et Ile de France), Paris (France), 2018
- Festival de films russes : Spoutnik au dessus de la Pologne, Varsovie (Pologne), 2011
- Festival International des Jeunes Réalisateurs de Saint-Jean-de-Luz, Saint Jean de Luz (France), 2010
- Moscou, Saint-Pétersbourg : deux visages de la Russie, Paris (France), 2010
- Festival de cinéma russe à Stockholm et Uppsala 'KinoRurik', Stockholm (Suède), 2008
- Festival de cinéma russe à Stockholm et Uppsala 'KinoRurik', Stockholm (Suède), 2007
- Festival du film d'Europe Centrale et Orientale , Wiesbaden (Allemagne), 2006
- Les rencontres de Valence, Valence (France), 2006
- Quinzaine du cinéma russe à Strasbourg, Strasbourg (France), 2006
- Festival international du film de Berlin : Berlinale, Berlin (Allemagne), 2005
- Festival Kinoblick, Stuttgart (Allemagne), 2005
- Sortie en France en salle du film :, Différentes villes (France), 2005-09-28
- Festival international du film fantastique de Neuchâtel : NIFF, Neuchâtel (Suisse), 2005
- Festival du film de Karlovy Vary : KVIFF, Karlovy Vary (Tchéquie), 2005
- Festival international du film de Moscou, Moscou (Russie), 2004

Images et vidéos