A noter : Le film a été produit par la société Demarsh, créée en 2003. Producteur général et directeur artistique : Andreï Echpaï. Directeur général : Dmitri Larkine.
Synopsis
Kira Gueorguievna est sculpteur. Artiste renommée, elle a un mari qui l’aime, des amis, des admirateurs. Elle est apparemment comblée. Mais voilà que dans cette vie bien réglée, le passé refait surface en la personne de Vadim, son premier époux. Arrêté en 1937, il a passé vingt ans en camp. À la veille de leur séparation, il a juste eu le temps de lui envoyer cette phrase terrible : « Tu peux te considérer comme libre… ». Et les voilà à nouveau réunis. Pour combien de jours, de semaines, de mois, leur bonheur, désormais interdit, va-t-il durer ? Pour le moment, ils ne savent qu’une chose : leur amour est toujours bien vivant…
Commentaires et interviews issus, ainsi que le synopsis, du dossier de presse commuiqué par le studio Demarsh :
Propos de l'auteur : "L’homme est à l’origine d’une idée qui ensuite finit par le détruire.
Kira Gueorguievna réalise une sculpture monumentale de Lénine, aussi grande d’un Cyclope. C’est exactement l’idée qui s’est emparée de la Russie et qui a présidé à ses destinées durant le xxe siècle. Sous des slogans vantant l’édification se cachait en réalité une force destructrice monstrueuse.
Cette idée a détruit non seulement ceux qui la combattaient, mais également ceux qui l’avaient promulguée.
Les exemples sont nombreux dans l’histoire de l’humanité, mais le plus marquant reste la tentative de créer une société nouvelle en Russie au xxe siècle. Le nombre de victimes est si élevé que l’esprit humain a parfois du mal à le concevoir.
Le sujet du film, à première vue mélodramatique, met en réalité au jour une tragédie personnelle, dans un contexte où la pression de la société lamine l’individu et cherche à détruire toute manifestation de liberté personnelle.
Les retrouvailles des personnages, un quart de siècle après qu’ils ont été séparés de force (le héros a été arrêté et déporté), le sentiment qui à nouveau les unit, c’est la tentative de deux êtres humains de s’approcher de l’idée d’harmonie universelle, d’amour absolu que rien ne viendrait entacher.
L’atmosphère du film tend simultanément à présenter un espace assez irréel et à reconstruire fidèlement une réalité. Elle souligne l’impossibilité de rétablir ce qui a été détruit et qui reste comme l’événement le plus précieux de la vie des personnages principaux.
Les actions irréfléchies du personnage qui poursuit une idée abstraite (Kira Gueorguievna créant sa sculpture monstrueuse de Lénine) finissent pas détruire jusqu’au sentiment le plus simple qui surgit entre deux individus. Or ce sentiment correspond à la naissance d’un nouvel être. C’est comme un être à part entière qui incarne la liberté humaine, autrement dit ce qui lui est donné de plus précieux et qui doit rester intact.
Le comportement des sculpteurs, des amis de Kira Gueorguievna, la vie de son mari, Nikolaï Ivanovitch, qui n’est plus tout jeune, l’amour que porte à Kira le jeune Iourotchka, et, enfin, la journaliste est-allemande Ursula qui cherche en vain à faire une interview de Kira – tout cela finit par pousser le conflit central du côté de l’absurde. Cette façon de montrer le passé permet de souligner avec plus d’intensité les frontières de la perception des émotions, et surtout de signaler le danger d’une idée qui conserve son actualité dans l’espace existentiel d’aujourd’hui". Andreï Echpaï. 11 juin 2006, Moscou
Viktor Nekrassov, auteur de la nouvelle Kira Gueorguievna et du récit Une histoire des plus étrange, est né en 1911 à Kiev. Il a combattu sur le front durant la Seconde Guerre mondiale. Son récit Dans les tranchées de Stalingrad, prix Staline, scelle son entrée dans la grande littérature et reste aujourd’hui encore son œuvre la plus célèbre. En 1973, il se vit retirer sa carte de membre du Parti et fut contraint d’émigrer en 1974. Viktor Nekrassov est mort en exil, à Paris, le 3 septembre 1987.
L’interprète du rôle de Kira, Evguenia Simonova, est née le 1er juin 1955 à Leningrad. Actrice principale du Théâtre Maïakovski, elle a reçu le titre d’Artiste populaire de Russie et a été lauréate du prix d’État de l’Union soviétique. Elle a joué dans plus de 35 films dont Seuls les vieux vont au combat (1973), Afonia (1975), Un miracle ordinaire (1978), 26 jours de la vie de Dostoïevski (1980). Nominée au prix Nika d’interprétation pour son rôle dans Une colline en fleur dans un champ vide (2000). Elle a reçu le prix de l’Aigle d’or pour son rôle dans Les Enfants de l’Arbat, série télévisée d’Andreï Echpaï.
« Mon rapport à ce film est étrange. D’habitude, je n’aime pas et je n’arrive pas à me voir à l’écran. Mais cette fois-ci, à un certain moment, j’ai cessé de percevoir ma propre présence dans le film. Je regardais l’histoire de ces personnages, Kira elle-même, avec un autre regard, j’ai éprouvé de la compassion, de la sympathie pour elle. J’ai eu un curieux sentiment de dédoublement de la personnalité... »
« Pour moi ce film est un tribut à la mémoire de la génération de nos parents qui ont combattu pour la Victoire. Mon père s’est battu à Stalingrad et c’est de lui que je tiens mon amour pour l’œuvre de Viktor Nekrassov. Mon père le considérait comme le plus juste et le plus honnête de tous ceux qui ont écrit sur la guerre… »
Elga Lyndina
« …C’était dur de jouer ce rôle. Imaginez que vous deviez jouer juste une moitié du personnage, la moitié restée en vie après être passée sous un train … »
Igor Mirkourbanov
« … J’ai hâte de voir le film et d’entendre la bande son… »
Sergueï Dreïden
« …Après Les Enfants de l’Arbat, j’avais très envie de retravailler avec Andreï Echpaï et j’ai beaucoup insisté pour avoir un rôle dans ce projet. Andreï Echpaï en a tenu compte et a inventé cette histoire avec la journaliste allemande. Ursula n’arrive pas à comprendre ce qui se passe en Union Soviétique. Ses projets s’effondrent et elle se sent complètement perdue par rapport aux événements… »
Tchoulpan Khamatova
« … Andreï Echpaï n’entretient pas un rapport purement intellectuel au film et à ses personnages : il comprend l’essence des choses, ce qui n’est pas nécessairement visible. C’est comme le Petit Prince dont Saint-Exupéry dit : « On ne voit pas avec les yeux… »
Guenrietta Egorova