Antoine, vieux concierge chargé de garder la propriété abandonnée par ses maîtres,
ne partage pas les idées politiques de son fils André. Dès le retour des Blancs, André est dénoncé
par le fils du propriétaire, puis condamné à mort. Antoine décide alors de le venger en incendiant
la propriété.
Commentaires et bibliographie
"Parmi les metteurs en scènes qui précédent la venue d’Alexandre Dovjenko, Heorhii Stabovyi
se taille une place enviable dans le cinéma ukrainien. Journaliste de formation et dramaturge
travaillant dans les théâtres de Kiev, de Kharkiv et d’Odessa, Stabovyi est engagé par la Voufkou en
1924, d’abord comme scénariste puis comme metteur en scène. Elève et collaborateur de Tchardynine,
il signe son premier grand film sur un scénario de Salomon Lazourine, Deux jours, qui, avec
Le Cocher de nuit de Heorhiї Tassine et Zvenyhora de Dovjenko, donnera au cinéma
odessite ses premiers chefs-d’œuvre. Comme au studio de Yalta le scénario de Lazourine n’intéressait
personne, ce n’est qu’au bout de six mois que la Voufkou en confia la réalisation au jeune débutant.
Passionné par le sujet, Stabovyi réussit si bien dans son entreprise que l’interprétation des
personnages, plutôt rares à cette époque, amène la critique à comparer l’acteur Ivan Zamytchkovskyi
au grand acteur allemand Emil Jannings. Zamytchkovskyi, qui a connu dans sa vie une tragédie similaire,
campe un vieux concierge, chargé de veiller sur la propriété de ses maîtres, investie par les bolcheviks
sous la conduite de son fils. Thème favori de Stabovyi, la guerre civile n’est plus traitée ici à
la manière des agitfilms, complaisantes chroniques théâtralisées toujours en vogue à cette époque.
L’action se déroule en 48 heures avec une efficacité dramaturgique sans affectation ni artifice
idéologique, dans l’intimité des caractères et leur transformation. Le réalisateur se focalise sur
la fracture psychologique qui s’opère dans l’âme et la conscience du héros. L’opérateur Danylo
Demoutskyi, qui venait de signer la photographie des deux premiers opus de Dovjenko,
Vassia le réformateur et Petit fruit de l’amour, travaille avec des optiques douces,
maîtrisant le clair-obscur dans toute la profondeur du champ. Les intertitres sont courts, le montage
limpide. Dès sa sortie en Ukraine, le film fut commercialisé en Occident, et fut le premier film
ukrainien à être montré aux USA. En 1932, ce film, qui portait aussi un autre titre
(Un père et son fils), fut sonorisé et accompagné d’une musique symphonique de Boris Latochynskyi.
Il est l’un des tous premiers à comporter quelques éléments de bruitage et de chants.
Lubomir Hosejko