Prix spécial du Jury Oecuménique à Berlin, 1997
Prix de la Confédération internationale des arts cinématographiques, 1997
Prix Andreï Tarkovski, 1997
Grand prix spécial du Saint-George d’argent pour « la contribution à l’élargissement des frontières de l’art du cinéma », 1998
Prix du cavalier de bronze de Lenfilm, 1998
A noter : Le film est sorti sur les écrans allemands le 20/02/1997
Synopsis
Le film s’ouvre sur les ombres d’abord indistinctes de deux êtres qui s’étreignent dans un silence traversé de chuchotements et de bruits indistincts. C’est le fils qui prend soin de sa mère épuisée par la maladie, la nourrit, la couvre d’un manteau, la prend dans ses bras. Tout au long du film, le fils porte sa mère, de son lit de malade à son lit de mort, dans un mouvement circulaire qui passe par une longue marche à travers la campagne, dont les étapes sont des moments de contemplation réciproque, de caresses et de murmures tendres, où se dit l’amour de la mère pour son fils lorsqu’elle le protégeait enfant, l’amour du fils pour la mère au moment où il lui ouvre le mystérieux passage de la mort. Une étrange fusion s’opère entre les deux êtres et les ciels lumineux et plombés des paysages de la Baltique, les sentiers de la forêt où surgissent soudain les signes lointains et factices de la vie présente et absente: un train qui passe au loin, une voile sur la mer, apparue de manière surréelle, sans profondeur, comme une toile peinte sur la nature. Le film se ferme sur l’endormissement de la mère, dans son lit, en une saisissante image de gisant dans son tombeau. Les larmes d’amour du fils sont aussi des larmes de paix.
Le film Mère et Fils est une expérience, beaucoup plus qu’un spectacle : c’est « une caresse des âmes » selon le mot du cinéaste. On y participe au mystère de l’amour d’une mère et d’un fils, amour ici tout-puissant, puisqu’il autorise la mort comme il a prodigué la vie. Le silence religieux de cet « effacement » de la mère est accompagné des bruits qui en approfondissent la densité : le craquement des pas sur la terre, les cris des mouettes, les mots murmurés par la mère et le fils. De même, la tendresse des gestes fait-elle éprouver la paix que prodigue la proximité, on pourrait dire le poids, des corps. Ce chemin vers la mort qui, dans une inversion des rôles, évoque la Piéta, en révèle aussi une dimension essentielle, celle de la présence charnelle, rédemptrice.
Sokourov a dit de son film : « Un film ne peut jamais être le reflet de la vie. Un film est une sorte de vie particulière existant quelque part entre Dieu et l’homme. » Ailleurs il affirme la difficulté du cinéma à assumer cette mission mystique , privilège de l’art, et singulièrement de la peinture dont il veut se rapprocher. En effet, dans Mère et Fils, les références à l’art de l’icône, à la peinture religieuse du Quattrocento, mais aussi à l’œuvre du romantique allemand Caspar David Friedrich sont omniprésentes. Sokourov, citant en particulier de ce peintre le tableau « Le moine au bord de la mer » s’y inspire, dit-il, de « son atmosphère de pénombre et de demi-teintes ».
Le film est un « tableau filmique », en deux dimensions : les images sont distordues, les perspectives déformées, aplaties : pour produire ces effets, le réalisateur a peint les ciels sur l’objectif même de la caméra. Le temps semble suspendu par l’immobilité des personnages, figés comme des icônes. Mère et Fils est une célébration : celle de l’amour entre une mère et son fils, au seuil de la mort.