Le sujet, emprunté à un récit légendaire de l’ancien Danemark, a été rendu célèbre par Shakespeare. Sur les remparts d’Elseneur, Hamlet voir apparaître le spectre de son père : celui-ci lui apprend qu’il a été assassiné par son frère Claudius avec la complicité de la reine, qu’il a épousée après avoir commis son forfait. Il lui demande de le venger. Hamlet, pour accomplir sa mission simule la folie, abandonne Ophélie, sa fiancée : celle-ci devient folle et se noie. Lui-même, dans un duel avec Laërte, le frère d’Ophélie, est blessé par une épée empoisonnée. Avant de mourir toutefois, il tue Claudius, tandis que sa mère, la reine Gertrude, absorbe un breuvage empoisonné préparé pour Hamlet.
La passion de Kozintsev pour le théâtre de Shakespeare s’est exprimée d’abord au théâtre, à l’époque où on ne lui donnait plus de films à diriger: il a mis en scène Hamlet, Le Roi Lear, Othello. Son expérience théâtrale a certainement influencé son film, ce qui n’enlève rien à sa valeur proprement cinématographique. « Sans un large recours aux extérieurs et au montage, le cinéaste aurait-il pu insister sur trois thèmes fondamentaux : le fer, le roc, la flamme, inscrits comme des métaphores dans la plupart de ses séquences ? ». (Georges Sadoul, Les Lettres françaises).
« Hamlet comme Ivan appartiennent à un même genre qu’on peut appeler ciné-opéra. Avec ces images rigoureusement stylisées, la déclamation de ses acteurs, le commentaire insistant de Chostakovitch, les costumes, la noble prose de Pasternak, les décors très recherchés d’Eneï (venu lui aussi de la FEKS), ses entrées qui sont parfois presque des ballets, cet Hamlet est bien éloigné du cinéma-vérité ou du néo-réalisme ». (Georges Sadoul, Les Lettres françaises).
« Kozintsev interprète. Son Hamlet est un véritable héros romantique qui n’a pas peur de l’action et qui ne temporise que pour mieux se venger. Il est poète, nullement fou et, pour une fois, il n’est pas impuissant sexuellement. La tragédie du prince de Danemark devient ainsi pleine de bruit et de fureur, aussi violente que Macbeth, baignant dans une atmosphère érotique digne des grands élizabéthains » ( Ado Kyrun, Positif, février 1965).